Moustique
Avec 30 millions de passagers en 1950, 2 milliards en 2000, les transmissions de maladies lors des vols aériens sont de plus en plus nombreuses. Ces transmissions se font surtout du sud vers le nord, du sud vers le sud. Ces dernières années ont vu l'apparition de maladies émergentes, liées à l'adaptation des germes et à l'expansion des maladies vectorielles. Si les vecteurs sont variés (tiques, mouches, puces, poux, punaises), la transmission par les moustiques est de loin la plus importante.
De tous les arthropodes, les moustiques sont les plus redoutables. Avec le réchauffement climatique, ils sont présents au Groenland, s'adaptent à la pollution, deviennent résistants aux insecticides… Du fait de la diffusion des vecteurs et de leurs capacités adaptatives, les arboviroses (dengue, chikungunya, WN Fever…) sont en expansion. Elles se rencontrent essentiellement dans les mégapoles africaines (transport de pneus usagés).
Fièvre jaune
Endémique en Afrique noire et en Amérique intertropicale, la fièvre jaune, qui ne sévit pas en Asie, est due au virus amaril. Elle se traduit cliniquement par une hépatonéphrite hémorragique dont l'évolution est variable avec des formes inapparentes, frustes ou fulminantes suraiguës. Tout sujet non vacciné, résidant en zone d'endémie amarile ou ayant quitté la zone depuis moins de six jours et présentant des signes cliniques évoquant une fièvre jaune, doit être considéré comme suspect et isolé sous moustiquaire en attendant que le diagnostic soit confirmé ou infirmé. Le diagnostic repose sur la détection d'IgM et sur l'isolement du virus. En 2005, 206 000 cas ont été recensés dans le monde, responsables de 52 000 décès. En l'absence de traitement spécifique, la prophylaxie est primordiale. Elle repose sur la surveillance du mode de circulation du virus et la surveillance des foyers (singes, hommes). Cela impose l'isolement des patients suspects sous moustiquaires et la vaccination systématique des populations exposées.
Les dengues
Problème majeur de santé publique dans toutes les zones tropicales, les dengues peuvent être de quatre sérotypes différents (1, 2, 3, 4). Elles peuvent être asymptomatiques, de forme classique, ou grave (hémorragique ou syndrome de choc). Cent pays sont actuellement concernés et on y recense 50 millions de cas par an, dont 400 000 formes hémorragiques et 30 000 décès. Depuis 1989, des épidémies existent dans les DOM-TOM (déclaration obligatoire). Il n'existe pas de vaccin disponible.
Chikungunya
Isolé en 1953 en Afrique de l'Est et en Asie du Sud-Est, le virus du chikungunya, transmis par Aedes albopictus (réservoir : primates et oiseaux), est responsable d'une fièvre élevée, accompagnée de douleurs, de céphalées et parfois d'éruption. La maladie est généralement d'évolution favorable spontanément, mais des formes graves sont apparues récemment sur l'île de la Réunion : méningo-encéphalites, polyradiculonévrites, hépatites fulminantes, décompensations d'états pathologiques antérieurs et décès de personnes âgées. Des formes chroniques, avec arthralgies persistantes, peuvent également se rencontrer. Le diagnostic repose sur la sérologie et la PCR. Le traitement est symptomatique (paracétamol, AINS). Il n'existe pas de vaccin disponible et la prévention repose sur la lutte antivectorielle.
Virus West Nile
Le virus West Nile ou virus du Nil occidental (vecteur : Culex) se rencontre en Afrique noire, au Moyen-Orient, en Inde, en Amérique du Nord et sur le pourtour méditerranéen. Responsable d'infections inapparentes, de syndromes fébriles, d'encéphalites avec décès ou séquelles graves, il a été à l'origine d'épidémies récentes aux Etats-Unis et d'une en 2003 dans le Var.
Fièvre de la vallée du Rift
La fièvre de la vallée du Rift a été responsable d'épidémies au Kenya, au Tchad, au Cameroun, en Egypte, en Mauritanie, en Arabie saoudite et au Yémen. Transmise par Aedes, cette maladie se contracte par piqûre de moustique ou par contact humain avec les animaux. Un vaccin existe à usage vétérinaire et humain.
Paludisme
Infection tropicale la plus fréquente et la plus grave, le paludisme n'est toujours pas en régression et pose le problème de la résistance aux antipaludéens. Sa prévention repose sur la lutte antivectorielle et la chimioprophylaxie : chloroquine (Nivaquine), chloroquine-proguanil (Savarine), méfloquine (Lariam), voire atovaquone-proguanil (Malarone) ou doxycycline (Doxypalu). En cas de fièvre suspecte en région impaludée, le traitement repose sur la quinine, la méfloquine, l'association atovaquone-proguanil et l'association artéméther-luméfantrine (Riamet, Coartem).
Aux escales
La lutte prophylactique n'est pas toujours simple car les insectes entrent et sortent de l'avion au moment des escales. La première observation de vecteurs à bord d'un aéronef a été faite au Kenya en 1932. En Afrique, de 2 à 3 % des moustiques, vecteurs du paludisme, sont porteurs de la maladie ; ils peuvent transmettre des maladies durant le voyage ainsi qu'à destination, à condition que les conditions climatiques leur permettent de survivre. En Europe, entre 1977 et 1998, on a recensé 78 cas de paludisme d'aéroport dont le taux de létalité était supérieur à 5 %. Sept cas de paludisme contractés en avion ont été dénombrés durant la même période (la transmission survient à bord de l'appareil). La désinsectisation permet de lutter contre cette transmission en détruisant les arthropodes, vecteurs d'agents pathogènes ou de nuisances. Très récemment en France, en juin dernier, une lutte active contre Aedes grâce à la mise en place du Règlement sanitaire international (RSI) a été instituée dans une zone de 400 mètres autour des aéroports. Cette désinsectisation vient renforcer celle qui existait déjà à bord des avions.
D'après la communication du Pr J.-P. Gourbat (centre principal d'expertise médicale du personnel navigant, HIA Percy, Clamart) lors des Entretiens de médecine aérospatiale ; Salon aéronautique du Bourget, 2007.
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