Jeunes et exigeants
L'arthroplastie totale de hanche constitue l'une des grandes réussites de la chirurgie orthopédique. Avec l'évolution des techniques opératoires et du matériel prothétique, les indications chirurgicales se sont progressivement élargies, ce qui a conduit les orthopédistes à opérer des sujets de plus en plus jeunes, bien plus exigeants sur le plan fonctionnel. Ainsi la question d'une reprise de l'activité sportive s'est progressivement posée après arthroplastie de hanche. Mais cette demande n'est, aujourd'hui, plus l'apanage du sujet jeune. Le sport est devenu une valeur positive de socialisation et un vecteur de santé. Régulièrement, de nouvelles études, dont les médias se font l'écho, viennent conforter l'intérêt de la pratique sportive pour la santé, notamment en termes de prévention des maladies cardio-vasculaires et de l'ostéoporose.
Mais la question de la reprise du sport après arthroplastie n'est pas anodine et expose à un certain nombre de risques qu'il faut connaître. Les principaux sont représentés par la luxation de la prothèse, la fracture sur prothèse en cas de chute, l'usure prématurée et le descellement.
Aussi, l'analyse d'un certain nombre de facteurs en amont et en aval de l'intervention conditionne la reprise du sport.
Facteurs liés à la prothèse de hanche
Les prothèses cimentées sont mal adaptées à la pratique sportive du fait de la dégradation, avec le temps, du matériau de fixation et du risque de descellement. La reprise chirurgicale constitue alors généralement un geste lourd. A l'inverse, les prothèses sans ciment semblent offrir une meilleure espérance de vie, dans la mesure où la tige prothétique a été choisie pour s'adapter parfaitement au canal centro-médullaire du fût fémoral. La réalisation de prothèses sur mesure pourrait permettre d'optimiser, mieux encore, la qualité de l'ancrage prothétique. Le choix du matériau est également important et devrait se porter, de plus en plus souvent, vers les couples céramique-céramique, métal-métal ou vers les nouveaux polyéthylènes réticulés, sans que l'on connaisse, à ce jour, le matériau idéal.
La qualité de l'acte chirurgical est un élément déterminant pour le résultat fonctionnel. La prothèse doit restaurer des conditions mécaniques optimales en termes de mobilité articulaire et de bras de levier musculaire pour permettre un résultat fonctionnel satisfaisant. La mode actuelle est à la mini-voie. Si cette technique chirurgicale permet de minimiser l'impact délétère sur les muscles, elle requiert une courbe d'apprentissage plus longue que pour les prothèses totales. Elle est plus particulièrement adaptée pour les prothèses dites de resurfaçage qui pourraient constituer une voie d'avenir chez le sujet jeune, notamment parce qu'elles permettent d'économiser le stock osseux et donc les possibilités de reprise chirurgicale ultérieure.
Enfin, concernant le recul postopératoire nécessaire avant la reprise du sport, il faut considérer que, compte tenu des délais d'intégration de la prothèse, celle-ci ne saurait s'envisager avant le 3e ou le 4e mois, en fonction du type de sport pratiqué.
Facteurs liés à la rééducation
La qualité de l'acte chirurgical est, nous l'avons dit, essentielle. Mais, dans l'optique d'une reprise sportive, la conduite de la rééducation joue également un rôle non négligeable, l'objectif étant de recouvrer une mobilité articulaire et des qualités musculaires et neuro-musculaires optimales. On est, ici, loin des objectifs en termes de besoins fonctionnels pour la vie au quotidien. Il faudra, toutefois, veiller à ne pas déclencher la survenue d'une tendinopathie à la faveur d'un travail musculaire intempestif.
Facteurs liés au sport
Il est admis que la durée de vie de la prothèse est conditionnée par le niveau de contrainte de la pratique sportive. On sait, par ailleurs, que les contraintes sont en rapport avec les impacts répétés et les pivots en charge s'exerçant sur la prothèse. C'est la raison pour laquelle les sports de contact comme le rugby, le foot… ou les sports de combat doivent être contre-indiqués. Il en est de même de la course à pied prolongée, en raison des impacts lors de chaque foulée.
Dans l'analyse des risques inhérents à la reprise du sport après arthroplastie, il importe de distinguer le sportif expérimenté du sédentaire désireux de reprendre une activité. Chez le premier, la tolérance vis-à-vis de la pratique sportive est plus large et l'on peut admettre la pratique de certains sports pivots. C'est le cas du ski alpin, en évitant les virages serrés et les pentes raides, le ski de fond, le tennis en double, voire en simple, et en privilégiant la pratique sur terre battue. Chez ce type de sportif, lorsque la pratique de l'activité demeure à un niveau modéré, il ne semble pas que le risque de reprise chirurgicale soit plus élevé que chez le sujet sédentaire, mais les études sont insuffisantes et parfois contradictoires. En revanche, il a été mis en évidence chez le skieur, même avec une pratique modérée, une usure accélérée du polyéthylène.
S'il ne faut pas autoriser l'apprentissage d'un sport comme le ski ou le tennis après une prothèse de hanche, certains sports peu contraignants comme la marche rapide, le vélo, la natation, le golf, la danse de salon, la gymnastique douce d'entretien… peuvent être proposés, sans danger, aux ex-sportifs désireux de reprendre une activité physique.
Quoi qu'il en soit, le patient devra toujours être informé des risques auxquels il s'expose, en particulier du risque d'usure prématurée, en rapport avec le niveau de pratique sportive. Il serait plus opportun encore de discuter des objectifs sur le plan fonctionnel, préalablement à l'intervention, surtout s'il s'agit d'un sportif invétéré.
En résumé, on retiendra l'intérêt de la reprise d'une activité physique et sportive après arthroplastie de hanche compte tenu des retombées positives pour la santé dans toutes ses dimensions, ou bien, chez le professionnel du sport, encore en activité.
La reprise du sport se fera toujours progressivement, pas avant trois mois, en tenant compte de l'état clinique et après information du patient. Un sport peu contraignant sera proposé à l'ex-sportif. Pour le sportif expérimenté, il est licite de tolérer la pratique de certains sports pivots tel que le ski ou le tennis, sous certaines conditions et en contre-indiquant la compétition. La pratique de sports très contraignants, comme le football ou le rugby, demeure formellement contre-indiquée. En cas de doute, il est préférable de solliciter le chirurgien pour obtenir son aval.
Après...
... arthroplastie totale de hanche, d'après la Mayo Clinic
– autorisés : golf, natation, vélo, voile, bowling, plongée ;
– intermédiaires : marche athlétique, randonnée, patin à glace, tennis double, ballet, aérobic, ski de fond et alpin, softball, volley-ball, tennis simple ;
– interdits : handball, racquet-ball, hockey, karaté, ski nautique, soccer, base-ball, running, basket-ball, football.
... arthroplastie totale de hanche, d'après la HIP Society Survey
– sports recommandés/autorisés : vélo d'appartement, croquet, golf, tir, natation, tennis double, marche, danse ;
– sports autorisés si expérience : activité en aérobie avec faible impact, vélo sur route, bowling, canoë, randonnée, équitation, ski de fond ;
– sports non recommandés : activité en aérobie avec impact élevé, base-ball, basket-ball, football américain, football, gymnastique, handball, hockey, jogging, squash, escalade, tennis simple, volley-ball ;
– indéterminés : danse moderne et folklorique, patin à glace, roller, aviron, marche athlétique, ski de piste, musculation sur machine.
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