LES PREMIÈRES Assises de la psychiatrie médico-sociale se tiendront à Marseille les 30, 31 mai et 1er juin. Pour l'organisateur, l'Association scientifique de psychiatrie institutionnelle (Aspi), ces journées* doivent permettre de mener une réflexion à la fois vaste et complexe. L'explosion de la demande conduit les professionnels à utiliser le modèle de la psychiatrie médico-sociale «qui a fait ses preuves» en tant que «système de soins indispensable à une société solidaire et respectueuse de chacun», expliquent les Drs Roger Salbreux et Marc Maximim, président et secrétaire général de l'Aspi. «La spécificité du médico-social réside, entre autres, dans l'organisation des équipes multidisciplinaires», qui impliquentpsychiatres, psychologues, infirmiers, instituteurs et éducateurs spécialisés, assistantes sociales, aides médico-psychologiques, orthophonistes, psychomotriciens et responsabl es, soit 400 000 salariés. Or «on constate un certain isolement et surtout une méconnaissance de la valeur des pratiques déployées et des savoir-faire», souligne le Dr Jacques Louys, psychiatre strasbourgeois, qui met l'accent sur «la pluralité (d') une éthique du travail».
La psychiatrie médico-sociale, ce sont actuellement 2 497 établissements pour enfants et adolescents avec ou sans hébergement (125 500 places), qu'il s'agisse d'instituts médico-éducatifs, d'instituts thérapeutiques et pédagogiques, de centres médico-psycho-pédagogiques (Cmpp), de centres d'action médico-sociale précoce ou de services d'éducation spéciale et de soins à domicile. Les structures d'accueil pour adultes sont au nombre de 2 616 (86 065 places) : maisons d'accueil spécialisées, établissements et services d'aide par le travail, foyers d'accueil médicalisé, centres de rééducation et de formation professionnelle et foyers d'accueil spécialisé. Au total, 250 000 malades mentaux sont concernés et 1 500 000 consultations ou prises en charge ambulatoires sont assurées annuellement.
La psychiatrie médico-sociale a vu le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à l'initiative des parents de malades mentaux soutenus par les enseignants et les médecins. Il s'agissait de sortir les enfants de l'asile et de tout mettre en oeuvre pour les intégrer dans la vie sociale, rappellent les Drs Salbreux et Maximim. Son originalité est d'offrir soit un hébergement dans un projet de soins, de résidence et de réhabilitation, soit un accompagnement, et d'accomplir des actes de prévention et de dépistage, de diagnostic et de soins pour maintenir la personne dans son milieu scolaire, professionnel, familial et social. A titre d'exemple, deux sur cinq des consultations en pédopsychiatrie relèvent des psychiatres en Cmpp.
Recherche en santé mentale.
Le 1er juin, les Prs Anne Fagot-Largeault et Stanislas Dehaene organisent au Collège de France un colloque sur la recherche en psychiatrie, en collaboration avec l'Assistance publique- Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l'Inserm**. Malgré une tradition forte en neurosciences, la recherche française en psychiatrie est «relativement pauvre». L'absence de méthodes communes et des clivages forts entre écoles de pensée (psychanalyse, biologie, etc.) seraient en cause. Des progrès techniques, tels que l'imagerie cérébrale ou la génétique, et des méthodes inédites comme l'analyse linguistique des délires et des hallucinations chez les patients schizophrènes, permettent une nouvelle approche en santé mentale.
Neurologues, biologistes, radiologues, physiciens, épidémiologistes ou encore généticiens participent au colloque. La création récente de Fonda-mentale, le premier réseau national thématique de recherche et de soins (Rtrs) en santé mentale, coordonné par le Pr Marion Leboyer (AP-HP -Henri-Mondor - Albert-Chenevier, Val-de-Marne), témoigne de la diversité des savoirs. Le séminaire du Collège de France traitera des perspectives nouvelles qui s'ouvrent pour la recherche, redynamisent les équipes et assurent aux patients des approches innovantes pour une prise en charge plus précoce et plus efficace. Le Pr Franck Bellivier évoquera le «continuum entre troubles bipolaires et schizophrénie», qui impliquerait une révision de la classification des pathologies en jeu.
* www.medicosial.com. Tél. 01.48.20.96.02.
** Tél. 01.44.27.14.17.
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