Pr Jean-Claude Job
(France Hypohyse)
« C'est le drame de sa vie, la croix qu'il porte au quotidien, dit Me Daphné Bes de Berc. Il met des visages sur le nom de la plupart des enfants décédés, qu'il connaissait. Il veut comprendre. S'il a une part de responsabilité - alors que toutes les précautions s'imposaient en matière de contaminations virales, le prion étant inconnu - il l'assumera. »
Dr Elisabeth Mugnier
(superviseur de la collecte des hypophyses dans les morgues des hôpitaux)
« Contrairement à ce qu'affirme l'ordonnance de renvoi, ma cliente n'est qu'une collectrice d'hypophyses, en Ile-de-France seulement (1979-1986), parmi la demi-douzaine de praticiens salariés de France Hypophyse occupant la même fonction en province, et non une responsable, souligne Me Guy-Charles Humbert. Son rôle consistait à prendre contact avec les directeurs d'hôpital, à se rendre dans les morgues et à en repartir avec des hypophyses, qu'elle remettait à l'Institut Pasteur. En conséquence, étant complètement étrangère à la fabrication de l'hormone, je ne vois pas comment elle peut être concernée par la qualification de complicité de tromperie aggravée. »
Pr Jacques Dangoumau
(Direction de la pharmacie et du médicament)
« Il ne saisit pas très bien le rôle qu'il a dans cette procédure, dit Me Yves Baudelot. Dans une ordonnance de renvoi qui compte quelque 200 pages, il est cité sur une page. A l'évidence, il apparaît totalement en marge. »
Pr Fernand Dray
(unité de recherche en immuno-analyse de Pasteur)
« La note de deux pages du Pr Montagnier est un épiphénomène, utilisé comme élément à charge. Hormis le recours à un autoclave à 121 °C pendant 45 min. et la javellisation à au moins 5 % d'hypochlorite, scrupuleusement respectés par le Pr Dray, l'appel à l'exclusion de malades morts d'encéphalite aiguë, de tumeur intracrânienne ou de maladie chronique du système nerveux lors du prélèvement des hypophyses, qui renvoie au Dr Mugnier, a été pris en considération par France Hypophyse sans être suivi, certes, dans la pratique. Cela étant, le Pr Montagnier n'a jamais recommandé l'arrêt du programme HCE. Nombre d'experts constatent que le Pr Dray a travaillé de la même façon que les autres spécialistes à travers le monde. Quant au rapport du comité d'experts de l'INSERM demandé par Bernard Kouchner en 2002, tout en stigmatisant prélèvements et collectes, il estime que le drame de l'hormone de croissance résulte non pas de la négligence mais de l'ignorance de la transmission de la MCJ », plaident Mes Francis Triboulet et Henri Leclerc.
Marc Mollet
(directeur scientifique de la Pharmacie centrale des Hôpitaux de Paris)
« Mon client n'est pas forcément coupable, et même pas coupable du tout, affirme Me Dominique Cresseaux. Il recevait de Pasteur une poudre extraite de l'hypophyse, des doses de 5 ou 10 g, qui donnait lieu ou non à certaines opérations de contrôle, avant d'être conditionnées en ampoules injectables, par Opodex, un sous-traitant, et assurait la responsabilité de leur distribution. »
Henri Cerceau
(directeur de la Pharmacie centrale des Hôpitaux de Paris, PCH)
« Rien n'établit que la technique de conditionnement de la PCH a joué un rôle et il n'existe aucun intérêt financier à ce niveau, assure Me Benoît Chabert. Si le ministère de la Santé avait ordonné l'arrêt, la PCH se serait exécutée. »
Elisabeth Gourmelen
(médecin prescripteur)
« L'affaire la dépasse largement, plaide Me Yves Lachaud. Si elle est impliquée, c'est pour donner l'impression d'une faillite de toute la chaîne de santé. Les parents Birolo soutiennent qu'elle a mis à tort, pour défaut hypoglycémique, leur enfant Sébastien (décédé en 1997) sous HCE de 4 à 17 ans (pour les spécialistes, l'indication doit être réservée aux nouveau-nés pendant une courte durée). Or un cas identique a fait l'objet d'un non-lieu, réquisition également formulée par le parquet pour Sébastien Birolo mais non retenue par la juge d'instruction. »
Les quatre étapes à risque
1) Prélèvement des hypophyses (Jean-Claude Job, Elisabeth Mugnier). Les médecins collecteurs obtiennent d'agents de salles d'autopsie des hypophyses hors de tout contrôle. En 1984, France Hypophyse en récolte 10 000 à 34 F l'unité, revendue 102 F à l'institut Pasteur (rapport IGAS, 1992*).
2) Extraction et purification (Institut Pasteur, Fernand Dray, Jacques Dangoumau) : 1 g d'hormone revient à 13 500 F revendu 65 000 F à la Pharmacie centrale des hôpitaux (IGAS, 1992).
3) Transformation en médicament de l'extrait brut de l'hormone de croissance et distribution par la Pharmacie centrale des hôpitaux de Paris (PCH), AP-HP, Marc Mollet, Henri Cerceau). En 1984, la PCH produit pour la Sécurité sociale des ampoules de 1 mg à 145 F et de 2 mg à 240 F, soit 120 000 F), ou encore un chiffre d'affaires de 33 millions de francs (IGAS, 1992).
4) Prescription (Dr Micheline Gourmelen, AP-HP) : injection hebdomadaire, à raison de 300 mg par enfant et par an, durant les quatre ou cinq ans précédant la puberté, remboursée par la Sécu.
* Le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales de 1992, sur l'évaluation du système de France Hypophyse, couvre les années 1973-1988. Il montre, entre autres, que les sommes dégagées n'ont rien de comparable avec les marges des laboratoires privés étrangers.
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