« Nos résultats montrent que l’imagerie par PET-scan peut révéler des processus cognitifs qui ne sont pas visibles par les tests traditionnels effectués au lit du patient ; elle pourrait ainsi venir compléter de manière importante l’évaluation comportementale standard pour identifier parmi les patients "en état végétatif" (ne répondant pas aux stimuli), ceux qui ont des chances de récupération à long-terme », explique le Pr Steven Laureys, spécialiste du coma au CHU de Liège (Belgique) qui a dirigé l’étude.Chez les patients victimes d’une lésion cérébrale grave, l’évaluation du niveau de conscience s’est avérée difficile.
L’évaluation comportementale au chevet du patient demeure la méthode de référence pour déterminer si le patient est dans un état végétatif (EV), c’est-à-dire sans conscience de soi ou de son environnement lors des réveils, ou dans un état de conscience minimale (ECM), avec une conscience intermittente pouvant prendre la forme d’une réponse à certains stimuli. Or, jusqu’à 40 % des patients sont mal diagnostiqués avec ces méthodes d’évaluation clinique.La détection d’une conscience minimale est pourtant cruciale car les patients en ECM ont des évolutions plus favorables.
Deux techniques en compétition
Des approches de neuro-imagerie ont donc été développées pour mieux évaluer l’état de conscience. Leur utilité diagnostique et pronostique reste à établir en pratique clinique. L’étude du Pr Laureys a évalué deux méthodes d’imagerie cérébrale fonctionnelle - la 18-FDG PET (tomographie par émission de positons avec le fluorodésoxyglucose) au repos, et l’IRMf durant des taches d’imagerie mentale - chez 126 patients cérébrolésés (81 patients en ECM, 41 patients en EV, et 4 patients enfermés dans un "locked-in syndrome", c’est-à-dire pleinement conscients mais physiquement invalides). Ils ont calculé la précision diagnostique des deux méthodes d’imagerie par rapport à l’évaluation comportementale la plus sensible utilisant la "Coma Recocery Scale Revised" (CRS-R). Ils ont aussi évalué l’évolution à 12 mois (Glasgow Outcome Scale-Extended).
Globalement, le FDG-PET scan apparait supérieur à l’IRMf pour distinguer les patients conscients des patients inconscients. L’IRMf durant l’imagerie mentale est moins sensible que le FDG-PET pour le diagnostic de l’ECM (45 % contre 93 %) et se révèle moins en accord avec le score du CRS-R que le FDG-PET (63 % contre 85 %). De plus, le FDG-PET scan prédit correctement l’étendue de la récupération à un an chez 74 % des patients, comparé à 56 % avec l’IRMf.
En complément de l’évaluation comportementale
De façon importante, un tiers des 36 patients en état végétatif qui ont été évalués par FDG-PET conservent une activité cérébrale compatible avec l’existence d’une conscience. Neuf patients dans ce groupe ont par la suite recouvré un niveau satisfaisant de conscience.
Les chercheurs concluent donc que « le FDG-PET scan cérébral pourrait être utilisé pour compléter les examens au chevet du patient et pour prédire la récupération à long terme des patients en état végétatif. L’IRMf pourrait être également utile pour le diagnostic différentiel, mais semble être moins précise ».
« Cette étude est bienvenue car le diagnostic et la précision pronostique chez les patients victimes d’une lésion cérébrale grave doivent être améliorés », commentent les Drs Sleigh et Warnaby (université d’Auckland, Nouvelle-Zélande) qui offrent en exemple le refus de l’équipe soignante de Michael Schumacher de se prononcer sur le pronostic.
The Lancet, 16 avril 2014, Stender et coll.
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