LA LIBYE s’ouvre au tourisme. Elle constitue aujourd’hui une destination rare et préservée, qui n’attire que quelques dizaines de milliers d’étrangers chaque année. Récemment encore, le pays vivait replié sur lui-même, mis au ban de la communauté internationale. En cause, les agissements et la personnalité controversée du dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi. Jugé imprévisible et provocateur en Occident, le « Guide du peuple » préside aux destinées du pays depuis 40 ans. Ses portraits géants s’affichent dans tout Tripoli, rappelant cette incroyable longévité. Et témoignent de l’attachement de générations de Libyens à celui qui fit couler l’or noir à grands flots, assurant ainsi la prospérité du pays.
Mais aujourd’hui, il n’est plus question de s’appuyer sur la seule manne pétrolière. Il faut diversifier l’économie, revenir aux cultures, développer le tourisme. Finies les années de plomb, avec l’embargo de l’ONU, qui a privé le pays d’équipements et de matériel électrique entre 1992 et 2004. C’est à grande vitesse que se construisent les hôtels de standing, sur le rivage tripolitain. Ils ne sont qu’une poignée, actuellement, à se partager une clientèle internationale choyée, curieuse et avertie : on ne vient pas en Libye pour faire grande fête. La religion musulmane, ici abritée du fondamentalisme, éclipse des bars et échoppes les boissons alcoolisées. L’intérêt est ailleurs. Les Libyens se donnent rendez-vous, le soir venu, sur la place Verte, où l’on sent battre le pouls de la ville, dans une ambiance de dolce vita. Plus loin, le souk se disperse en ruelles parfumées d’épices et de cuirs, nimbées d’étoffes multicolores. Les touristes sont rares. Ils sont parfois accueillis avec un sourire et quelques mots de bienvenue. Le plus souvent, ils passent inaperçus parmi la foule bienveillante.
Deux perles antiques.
Les pas du visiteur le guideront aussi vers le musée de la Jamahiriya, qui présente une magnifique collection d’antiquités grecques et de fresques rares. À quelques mètres de là, l’arc de Marc-Aurèle, dernier vestige de la présence romaine dans la capitale libyenne. Une présence très marquée qui s’étend tout au long du littoral méditerranéen.
À 120 km à l’est de la capitale (3 heures de route environ), le site de Leptis Magna figure parmi les plus beaux et les mieux conservés des vestiges antiques. Longtemps oublié, enseveli sous le sable, ce port bâti vers 1 100 avant Jésus-Christ est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1982. À l’époque incontournable, il s’étendait sur 400 hectares, abritant plus de 100 000 habitants. Il faut une bonne demi-journée pour le parcourir, admirer le forum des Sévère, les thermes d’Hadrien, le théâtre dédié à l’empereur Auguste. L’imposante basilique de Dionysos fut un tribunal public avant de devenir une église byzantine au VIe siècle. Mystérieuse combinaison des civilisations anciennes aujourd’hui en terre musulmane. Tout à côté, à quelques mètres de la mer, un amphithéâtre et un cirque gigantesque, plus impressionnant encore que le Colisée.
À 75 km à l’ouest de Tripoli, Sabratha, la petite sœur antique, présente d’autres charmes. Fondée au Ve siècle avant J. C. par les Carthaginois, elle fut un comptoir de commerce phénicien puis punique. Dans ce port, transitaient pierres précieuses, ivoire et bêtes sauvages, qui faisaient fureur dans les cirques de l’empire. Outre les nombreux temples, la splendeur de Sabratha est son théâtre, mis à jour et admirablement restauré par les Italiens entre 1930 et 1937. C’est Mussolini lui-même qui vint inaugurer l’édifice rénové, sans se priver de discourir dans l’ample et prestigieuse enceinte. L’acoustique y est excellente, qui en fait le lieu tout désigné pour festivals et concerts, face à la mer. D’autres joyaux archéologiques complètent cette parure antique, comme Apollonia, le port de Cyrène, tout à l’est de la côte libyenne, aux abords de Benghazi.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature