Le Généraliste. A travers ces expérimentations, on voit que les maisons de santé ont le vent en poupe. Idéologisme ou pragmatisme ?
Dr Pierre de Haas. C’est vraiment du pragmatisme. On sent qu’il y a des professionnels de santé qui ont amené des modes d’organisation au bout de ce qu’ils pouvaient dans le cadre du paiement à l’acte et qui voient d’autres champs d’activité qui s’étendent devant eux, mais qu’actuellement ils ne prennent en charge qu’à travers des dossiers fiqsv qui ne sont pas pérennes ou que sur des expériences ponctuelles alors que le champ d’activité de la santé des populations autour des structures de soins de premier recours est important. Aujourd’hui chacun des acteurs - les associations qui font de la prévention, l’hôpital qui se met à faire un peu d’éducation thérapeutique - , bref chacun prend un petit bout de la santé populationnelle ce qui aboutit à une inorganisation complète et inefficace.
Contrairement aux structures que vous représentez ?
Dr P.d.H. La maison de santé n’est pas la réponse à tout. Mais demain, la réorganisation des soins primaires va se faire de telle manière que nous aurons davantage de responsabilité : l’hôpital va probablement vider des lits pour répondre à ses problèmes financiers, donc on va se retrouver de plus en plus face à des sorties hospitalières précoces, avec des problèmes de prise en charge des populations, que l’ARS va nous demander de gérer, en assurant aussi l’éducation des populations. Travailler seul dans des cabinets indépendants, face à de tels enjeux, ce n’est plus possible. Alors que le travail en collectif est un travail qui est à la fois beaucoup plus riche et plus rassurant. Par exemple, l’accompagnement d’une fin de vie. Quand on est tout seul dans son cabinet, c’est vraiment lourd à porter. Quand on travaille avec une équipe, qu’on peut en parler au café avec d’autres collègues en vidant ses émotions, c’est quelque chose de très fort. Face aux cas cliniques complexes, on peut appeler un collègue qui vient jeter un coup d’œil et donner son avis, ça change la vie.
Comment fonctionnent les nouveaux modes de rémunération ?
Dr P.d.H. C’est de la rémunération pour du temps de coordination. Passer une heure entre médecins toutes les semaines pour travailler sur les dossiers partagés, pour échanger, et se former par l’échange de pratiques ; pour faire des réunions de coordination avec les infirmières, pour le temps de travail autour d’un dossier avec le kiné, l’infirmière ou le pharmacien, voire avec toute l’équipe pour un cas complexe de maintien à domicile, par exemple. Tout ce que font bien souvent beaucoup de généralistes et de professionnels de santé, mais presque sous forme de bénévolat, à leur temps perdu. En règle générale, au bout d’un moment la bonne volonté s’épuise. A partir du moment où on le formalise avec un mode de rémunération, on est obligé de le mettre sous forme organisationnelle, de le coucher sur le papier et donc on rémunére une personne qui va coordonner les agendas, organiser les réunions, et établir l’ordre du jour.
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