Beaucoup de jeunes femmes diabétiques de type 1 omettent délibérément de s’injecter de l’insuline de peur de prendre du poids. Une organisation britannique (National Diabetic Information Service) a lancé l’alerte devant la hausse des hospitalisations pour acidocétose. En effet, entre avril 2010 et mars 2011, près de 8 500 personnes ont été admises à l’hôpital en Grande-Bretagne. Soit 3,3 % des diabétiques de type 1. Ce qui a inquiété les auteurs du rapport, c’est que ces hospitalisations ont concerné surtout des femmes jeunes, et des personnes issues de milieux défavorisés. « En ôtant les acidocétoses inaugurales, sans doute aux alentours de 2000 nouveaux cas par an comme en France, ce chiffre reste effectivement très élevé », indique le Pr Jean-Jacques Altman (diabétologue, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris).
Devant l’ampleur du phénomène, une association de diabétiques réclame même que la « diaboulimie », aujourd’hui terme non médical, soit officiellement reconnue comme maladie mentale.
Gérer les doses pour contrôler son poids
De plus, l’ampleur du problème serait bien plus vaste. En effet, les jeunes femmes qui jouent avec leurs doses d’insuline ne sont pas toutes hospitalisées pour acidocétose. Une étude a révélé que 31 % des femmes diabétiques de type 1 avouaient restreindre intentionnellement leurs doses d’insuline (Diabètes Care, 1994) afin de limiter la prise de poids, le taux de restriction étant les plus élevés à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte. Pour la majorité d’entre elles, le danger n’est pas immédiat. Elles se portent bien et maintiennent le poids qu’elles souhaitent. Mais au bout de 10 ou 20 ans, des complications du diabète surviennent plus aisément : rétinopathie, atteintes rénales et vasculaires.
Il importe avant tout d’identifier ces jeunes patientes en repérant certains symptômes (préoccupations extrêmes relatives au poids et au corps, hausse inexpliquée des taux d’HbA1c, voire acidocétoses répétées). Pour Jean-Jacques Altman, la tâche est difficile : « Comme pour tout trouble du comportement
alimentaire, les jeunes diabétiques de type 1 dissimulent leur attitude ». Pour le diabétologue, « il existe un contexte psychiatrique particulier, avec un refus de la maladie » qui demande une prise en charge pluridisciplinaire.
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