Au-delà des actions de la Semaine Européenne pour la Vaccination, des avis du HCSP, de la simplification des schémas, comment secouer la conscience de la population et du corps médical ? Par une volonté politique forte ?
Concernant l’hépatite B, une évolution se dessine, le Ministère de la santé s’est fortement impliqué, avec le remboursement du vaccin hexavalent, le Plan Hépatites et son volet « relance de la vaccination ». Roselyne Bachelot, lors du lancement de la Semaine Européenne de la vaccination en avril dernier a prononcé un discours non ambigu, disant qu’il était dommage que 70% des enfants ne soient pas vaccinés par peur d’une complication qui n’existe pas.
En revanche, pour la rougeole, il est tout à fait exact et nous le déplorons sans cesse, qu’il n’y ait eu aucune communication lors de la mise en place du Plan d’Elimination de la rougeole, lequel ne semble pas avoir eu d’impact significatif. J’ai pourtant le sentiment que les autorités et l’INPES ont depuis réalisé l’enjeu d’une communication sur la rougeole, et le Ministère de la Santé a choisi ce thème pour la Semaine Européenne de la Vaccination. Une réflexion est en cours au Ministère pour promouvoir plus efficacement la vaccination contre la rougeole.
Mais il me semble que l’on se focalise à tort sur ce que pense le public car le problème du respect des recommandations vaccinales est d’abord et avant tout celui des médecins. Les enquêtes menées sur les raisons de la non-vaccination contre la rougeole, le démontrent : la première réponse et de très loin est « mon médecin ne me l’a pas proposé ». Il est vrai qu’il y a une partie du public réticent, d’autres sont farouchement opposés à la vaccination en général (<5%), mais cela reste marginal.
L’INPES a édité un fascicule sur les questions et les objections sur la vaccination rougeoleuse. Cela permet au médecin de s’informer, de disposer d’outils pour répondre aux familles hésitantes. Les généralistes connaissent souvent mal les recommandations vaccinales, qui ne sont pas leur préoccupation première. Nous ne savons pas bien comment atteindre le médecin généraliste. Si une politique vaccinale n’est pas appliquée, c’est exceptionnellement du fait des patients, lesquels font confiance à leur médecin.
Les recommandations vaccinales ne sont pas des vérités révélées mais des recommandations réfléchies, étudiées et la protection individuelle et collective repose sur l’adhésion de médecins. Beaucoup de médecins s’autorisent à agir selon leurs convictions. La liberté de prescription se défend mais dans ce cas précis de la vaccination, c’est au détriment de l’intérêt de santé publique.
Faut-il copier sur les campagnes de vaccination à l’anglaise ?
L’exemple anglais peut alimenter la réflexion du Ministère de la Santé. Si, en France nous avons eu la polémique Hépatite B-SEP, la Grande-Bretagne a eu la sienne : autisme-ROR. La vaccination a été très fortement ralentie, avec une résurgence importante de foyers rougeoleux. Les autorités sanitaires ont réagi et mènent actuellement un rattrapage efficace de toute la population, sur convocation, avec une incitation extrêmement forte qui porte ses fruits. Même si les pays anglo-saxons n’ont aucune obligation vaccinale, leurs campagnes de vaccination sont très efficaces, avoisinant un taux de couverture de 97%. Le système public est aussi plus facilement réactif et mobilisable que notre système libéral. C’est une vraie question, notre système est-il adapté à la vaccination ? Pas si sûr
« Il est bien difficile d’atteindre les médecins »
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