Douleur

Gérer l’automédication

Publié le 17/02/2012
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Avec l’augmentation de l’espérance de vie, la prise en charge des maladies chroniques, le nombre de patients douloureux ne cesse d’augmenter. Pourtant la douleur reste insuffisamment prise en charge et parfois mal comprise. Conséquence : une automédication souvent abusive contre laquelle il faut lutter.

Crédit photo : ©BSIP

« La première règle lorsqu’un médecin prend en charge un patient douloureux chronique est de croire son patient » explique le Professeur Alain Série* du service de Médecine de la Douleur, de l’hôpital Lariboisière (Paris). Deuxièmement, il doit savoir qu’il n’existe aucun parallélisme entre la clinique et l’imagerie. Enfin, évaluer la douleur, ce n’est pas seulement évaluer son intensité mais aussi son ressenti par le patient, c'est-à-dire prendre également en compte l’anxiété, la dépression, la fatigue, les troubles du sommeil… Parfois une légère baisse d’intensité de la douleur entrainera une importante amélioration de ces symptômes associés et sera donc ressenti très positivement par le patient ». Toutefois, l’évaluation de l’intensité et la place des échelles d’évaluation de la douleur sont importantes : ce sont des outils objectifs pour pouvoir comparer l’évolution de la douleur et respecter les protocoles thérapeutiques de la prise en charge de la douleur (1 à 3 : antalgiques de niveau 1 ; 3 à 6 : antalgiques de niveau 2 ; › 3 : antalgiques de niveau 3 (opiacés)).

L’entourage du patient doit également être pris en compte car lui aussi devient victime devant l’altération de qualité de vie et il peut, avec le temps, douter de la douleur de l’autre.

Une prise en charge personnalisée

La prise en charge du patient douloureux, doit toujours être personnalisée, au cas par cas et demande beaucoup de temps au médecin (1 heure pour la première consultation). « Avoir de l’empathie pour son patient est indispensable mais pas suffisant. Il s’agit avant tout d’un acte médical qui nécessite un interrogatoire très minutieux, suivi par un examen médical neurologique et ostéo-articulaire » poursuit le spécialiste.

Une fois un traitement prescrit, encore plus que dans d’autres pathologies, l’observance du patient est difficile à obtenir, celui-ci ayant tendance à adapter les prescriptions comme il le pense. L’automédication est particulièrement fréquente et souvent abusive. « Dans cette situation, le pharmacien a un rôle de conseil évident et le dossier médical partagé se révélera particulièrement utile en permettant de savoir si le patient a déjà acquis des antalgiques dans d’autres pharmacies. De plus, il ne faut pas oublier l’existence de pathologies douloureuses créées par des abus médicamenteux (céphalées chroniques quotidiennes..). », évoque Alain Série.

*Auteur du livre « Vaincre la douleur » (éditions Michel Lafon).
Brigitte Vallois

Source : lequotidiendumedecin.fr