Parce que, selon elle, les promesses n’engagent que ceux qui veulent bien y croire, l’intersyndicale des « généralistes en colère » (MG France, Union généraliste, Union collégiale, SNJMG et SMG) appelle tous les praticiens à une nouvelle journée de mobilisation le vendredi 18 juin. Cette journée pourra prendre des formes différentes au gré des envies des généralistes de chaque département et aussi en fonction de leur degré de mobilisation. Si en Bretagne, en Basse-Normandie, en Rhône-Alpes et dans certains départements franciliens, l’exaspération de la profession semble toujours à son comble, ailleurs la fièvre semble beaucoup plus basse. D’où l’hésitation de l’intersyndicale à lancer des consignes trop ambitieuses. Fermeture des cabinets médicaux (à certaines heures ou toute la journée), rencontre et information des élus locaux, manifestation devant les CPAM, « toutes les initiatives locales des médecins généralistes seront soutenues » indique l’intersyndicale. « Il faut rester mobilisés car on ne peut plus se contenter de promesses, » insiste Claude Leicher, président de MG France qui cite parmi les sujets de mécontentement le harcèlement des caisses, le désengagement de l’État et de l’Assurance-maladie dans la retraite des médecins ou les transferts de tâches sans concertation.
Cependant, autant la journée du 11 mars avait été marquée par un taux de fermeture des cabinets assez important au point de faire l’objet d’un communiqué du ministère de la santé (risquant même une stimation a minima: 18 % de grévistes ), autant les journées de mobilisation suivantes ont été beaucoup moins suivies. Il est vrai qu’entre-temps le Président de la République a annoncé le droit au Cs pour les généralistes qualifiés et le C à 23 euros à partir de janvier prochain. Claude Bronner, co-président d’Union Généraliste, reconnaît l’existence de « débats internes » entre les médecins de terrain sur l’opportunité d’actions fortes. « Fermer son cabinet une journée arrange aussi bien la caisse, admet-il. Beaucoup de médecins hésitent devant une opération « stylo lourd » alors que le trou de la Sécu se creuse ». D’où l’idée d’une journée à multiples facettes. De leurs côtés, les jeunes du SNJMG déposeront un préavis de grève au nom des internes.
Tous les jours, la France perd huit généralistes libéraux, selon le calcul de Jean-Paul Hamon, co-président d’Union Généraliste, qui veut « secouer la profession » à coup d’images fortes. Selon lui, les médecins libéraux sont comme « avant un tsunami quand on voit la mer qui se retire, mais qu’on ne se rend pas encore compte de l’ampleur de la vague qui va suivre ».
Mardi soir à Marseille, Élisabeth Hubert, chargée de mission par Nicolas Sarkozy sur la médecine de proximité, a reconnu devant les généralistes qu’elle rencontrait que « le plancher d’offre médicale qu’on évaluait devoir être à 2018-2020, en se disant que d’ici là on trouverait des mesures permettant de compenser, va se passer avant qu’on ait eu le temps de prendre des mesures ». Une prise de conscience commence à avoir lieu au plus haut sommet de l’État, selon Claude Leicher en même temps que le « déplaquage » des généralistes s’accélère : « la tendance de fond des généralistes pour montrer leur ras-le-bol c’est aujourd’hui de dévisser leur plaque ». Le 18 juin, c’est la date anniversaire de l’appel de De Gaulle mais aussi de la bataille de Waterloo...
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