« Pour votre santé, mangez 5 fruits et légumes par jour ». Ce slogan de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé bien connu des Français, accompagne depuis de nombreuses années les messages publicitaires pour les produits alimentaires, une recommandation qui figure évidemment dans le Programme National Nutrition Santé (PNNS) français.
C’est l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a préconisé dès 2003 de consommer 5 fruits et légumes par jour (400 g/jour). Les nutritionnistes se sont alignés sur ces recommandations. Mais dans les faits, l’apport quotidien en fruits et légumes, dont les fibres, minéraux et vitamines constituent un facteur protecteur indéniable, est loin d’être respecté. Selon une étude de l’organisme de recherche et d’études Credoc, seulement 27 % des Français déclaraient la suivre en 2011, principalement les personnes les plus âgées, contre seulement 9 % des enfants de 3 à 14 ans.
Comprendre la relation entre la consommation de fruits et légumes et la mortalité est important pour guider et prioriser les choix des consommateurs afin de prévenir les risques. Durant la dernière décennie, de plus en plus d’arguments ont montré que la consommation de fruits et de légumes était associée à la mortalité, en particulier à la mortalité cardiovasculaire et par cancer. Derrière ces messages bien connus de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé se trouve une réalité scientifique parfois difficile à évaluer.
Vers un palier à 7 fruits et légumes par jour
En avril 2014, des chercheurs de l’University College de Londres révélent qu’une consommation de 7 portions de fruits et légumes est associée à une diminution de la mortalité toutes causes confondues (42 %), particulièrement la mortalité cardiovasculaire (31 %) et par cancer (25 %). L’originalité de cette étude, qui a observé les habitudes alimentaires de 65 000 Britanniques entre 2001 et 2013, provient de la quantification des effets bénéfiques par portion (de 80 g) et par type de fruits et légumes. Les gros mangeurs (au moins 7 portions par jour) ont une mortalité réduite de 42 % alors que celle-ci est seulement diminuée de 14 % pour une consommation de 1 à 3 portions, de 29 % pour 3 à 5 portions, et de 36 % pour 5 à 7 portions comparés aux petits mangeurs de fruits et légumes à savoir ceux qui consomment moins d’une portion. Les légumes apparaîtraient plus protecteurs que les fruits. Selon les chercheurs, il est important de privilégier les légumes frais, la salade, les fruits frais et les fruits secs car ils sont fortement associés à une mortalité réduite, tandis que les fruits congelés ou en conserve sont associés à une hausse de 17 % du risque de décès global. Il convient de noter que l’étude est limitée par le fait que la consommation de fruits et légumes n’a été enregistrée que sur une journée. Et comme le soulignent les auteurs, ces données montrent « une forte association, mais pas nécessairement une relation causale ». Des résultats qui ne sont peut-être pas non plus transposables à d’autres pays.
Retour aux messages du PNNS
Quelques mois plus tard, en juillet 2014, le Pr Frank B. Hu de l’Ecole de Santé Publique de Harvard remettait en question ce palier de 7 fruits et légumes par jour en montrant qu’aller au-delà de 5 portions par jour n’apporte aucun bénéfice supplémentaire. Après avoir passé en revue 16 études sur plus de 830 000 personnes les chercheurs constatent que chaque portion supplémentaire de fruits et légumes réduit le risque de décès, toutes causes confondues, de 5 % en moyenne et de 4 % si l’on s’en tient uniquement aux maladies cardiovasculaires mais qu’au-delà de 5 portions en revanche, le risque ne baisse plus pour des raisons n’ont encore clairement identifiées. Contrairement à d’autres études, ils n’ont pas non plus trouvé d’association significative entre une consommation accrue de fruits et légumes et un risque réduit de mortalité par cancer. Ainsi manger plus de cinq fruits et légumes par jour ne diminuerait pas davantage les risques de cancer et de maladies cardiovasculaires
Il reste toujours beaucoup d’incertitudes sur la relation « dose consommée » et « évolution de la mortalité ». Il faudra sans doute encore de nombreux travaux pour les clarifier et affiner les recommandations. Mais, quoi qu’il en soit le message reste en 2 014 toujours le même : fruits et légumes sont des marqueurs d’un mode de vie plus sain et dans une volonté de simplification, la consommation de 5 fruits et légumes par jour reste d’actualité, mais la répartition doit être en faveur des légumes, tout simplement en raison de l’apport glucidique des fruits.
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