Glossite isolée, inhalation de poussières de céréales

Deux situations pièges dans la maladie coeliaque

Publié le 17/06/2007
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EN GÉNÉRAL, les cas typiques de maladie coeliaque sont facilement diagnostiqués. Le tableau clinique associe une diarrhée chronique, des douleurs associées à une distension abdominale et une perte de poids. Mais on estime que, actuellement, les cas à expression extra-abdominale découverts, par exemple, par le biais d'une anémie ferriprive, sont de plus en plus fréquents. A long terme, la maladie coeliaque expose au risque de survenue de maladies auto-immunes ou de cancers. Lorsque le patient adopte un régime sans gluten, le risque de complications à long terme s'en trouve limité.

Dans une lettre au « New England Journal of Medicine », les Drs Luca Pastore et Lorenzo Lo Muzio (Foggia, Italie) rapportent la découverte d'une forme atypique de maladie coeliaque.

Brûlure au contact alimentaire.

L'homme de 33 ans qu'ils avaient examiné souffrait depuis quatre mois d'un problème de glossite érythémateuse et atrophique, localisée sur la partie dorsale de la langue, et associée à une impression de brûlure au contact alimentaire. Ce patient sans antécédents, en dehors d'épisodes de diarrhée, ne consommait pas de médicaments particuliers. Son bilan biologique était normal, hormis le test de recherche d'anticorps endomysiaux – un des marqueurs sériques spécifiques de la maladie coeliaque – qui s'est révélé positif. Une biopsie de l'intestin grêle a confirmé le diagnostic du fait de la présence d'une lymphocytose intraépithéliale associée à des cryptes hypertrophiques et une réduction de la hauteur des villosités. La mise sous traitement par régime sans gluten a permis une amélioration rapide de la symptomatologie.

« Des études rétrospectives sur des séries de patients souffrant de maladie coeliaque confirment que près de 30% des sujets atteints souffrent d'une forme plus ou moins prononcée de glossite, qui entraîne, chez 9% d'entre eux, une sensation de brûlure ou d'atrophie », précisent les auteurs.

Deux jeunes fermiers.

Dans une autre lettre au « New England Journal of Medicine » publiée le même jour, le Dr Sazzli Kasim (Irlande) rapporte une observation à propos de deux frères atteints de maladie coeliaque mais qui, en dépit d'un régime scrupuleusement suivi (moins de 5 g de gluten par jour), présentaient toujours des signes d'intolérance au gluten. Le premier de ces patients présentait des signes d'asthénie et des douleurs abdominales diffuses. Le second se plaignait de crampes abdominales, de diarrhée quotidienne, d'asthénie et d'une perte de 6 kg. Outre la présence de signes cliniques, les tests histologiques allaient, eux aussi, dans le sens de la persistance d'une exposition au gluten : anticorps antiendomysiaux positifs et anticorps IgA tissulaire transglutaminase pour le premier, IgA tissulaire transglutaminase et anti-alpha gliadine pour le second.

Les deux jeunes hommes travaillaient dans une exploitation agricole où ils étaient chargés de nourrir du bétail avec des céréales (blé, maïs, orge et soja) contenues dans des sacs de 25 kg et mélangées avec de la mélasse, du carbonate de calcium, du sodium et de l'huile de palme. Ces mélanges sont solides à 94 % et ils contiennent 6 % de poussières. Or ces poussières contiennent du gluten qui peut être inhalé ou avalé au moment des manipulations. En moyenne, les deux jeunes patients étaient exposés à 150 g de particules contenant du gluten chaque jour. Lorsqu'ils ont adopté un masque de protection au cours de leurs manipulations de la nourriture pour animaux, les deux fermiers ont été guéris de leurs problèmes digestifs. Les auteurs soulignent que, en dépit d'un régime bien appliqué, des patients atteints de maladie coeliaque continuent à présenter des signes cliniques. Il s'agit le plus souvent de symptômes en rapport avec l'absorption de céréales, qui contiennent de faibles doses de gluten, ou de certains médicaments, dans lesquels le gluten est utilisé comme excipient.

« New England Journal of Medicine », vol. 356 ; 24, pp. 2547 et 2548-2549, 14 juin 2007.

> Dr ISABELLE CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8187