UNE EQUIPE de chercheurs INSERM/CNRS vient de faire une découverte plutôt inattendue sur un effet secondaire de la L-dopa, prescrite dans la maladie de Parkinson. Alors que le traitement au long cours par dopamine est connu pour conduire souvent à l'émergence de dyskinésies, l'unité Mouvement, adaptation et cognition (CNRS/Bordeaux-I et II) sous la houlette d'Erwan Bézard (INSERM), vient de constater que dès la première prise de L-dopa surviennent des modifications cérébrales irréversibles impliquées dans ces dyskinésies.
Le travail, réalisé en collaboration avec des équipes suédoise et anglaise, a porté sur le singe macaque rendu parkinsonien après l'administration d'une substance toxique, le MPTP. Les chercheurs ont étudié le protéome (ensembles des protéines synthétisées) du striatum déficient en dopamine, selon que les animaux étaient soumis à un traitement court ou prolongé. L'équipe montre que cette aire cérébrale est si sensible à un traitement initial par dopamine que la toute première dose peut suffire à modifier rapidement le protéome. En pratique, dès la première heure. Ces modifications sont spécifiques de la prise initiale de L-dopa. Elles conduisent à des changements définitifs des taux de protéines, qui ne pourront plus être modifiés par le traitement prolongé.
Conséquences d'une première prise.
Ce constat suggère que l'équivalence rencontrée entre les conséquences d'une première prise et celles d'une administration prolongée est due à une sensibilisation immédiate liée à la perte de dopamine. Les premières administrations de L-dopa ne feraient qu'exacerber la sensibilisation, mais ne l'induiraient pas.
Partant du fait que seulement une partie des macaques étudiés montre des dyskinésies au bout de quatre-cinq mois de traitement, l'équipe a pu identifier les protéines distinguant les deux populations. Il deviendrait ainsi possible de sélectionner des cibles thérapeutiques potentielles. Ce qui permettrait à terme de mettre au point des cotraitements qui préviendraient l'apparition des dyskinésies tout en conservant la dopathérapie.
« PLoS One », 13 février 2008.
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