L'année 2007 a été riche d'enseignements concernant la prise en charge des asthmatiques allergiques. Le point avec le Pr Vervloet sur l'essentiel à retenir.
LA SOCIETE de pneumologie de langue française (SPLF), la société de médecine du travail, l'association Asthme et Allergie ont tenu une conférence d'experts en 2007 afin d'étudier les relations entre asthme et allergies.
Le bilan initial.
Concernant le bilan initial, il est désormais recommandé que tout asthmatique, âgé de plus de 3 ans, doit avoir un bilan allergologique. En effet, 80 % des asthmes s'accompagnent d'un terrain atopique. Chez les enfants de moins de 3 ans, la conférence d'experts a toutefois conclu qu'il n'était pas besoin de faire ce bilan allergologique de façon systématique, sauf en cas d'asthme répétitif, relativement sévère ou accompagné de manifestations extrarespiratoires évoquant une allergie comme un eczéma atopique.
Par ailleurs, les experts ont insisté sur le fait que, chez tout asthmatique, devait être recherchée une rhinite : a-t-il des rhinites dans l'année (ou des rhino-sinusites) et, si oui, à quelle fréquence et à quelles périodes de l'année ? En effet, 80 % des asthmes allergiques sont associés à une rhinite qui accentue encore la gêne respiratoire. En cas de rhinite ainsi détectée, elle doit être prise en charge : éviction des allergènes, antihistaminiques, corticoïdes nasaux, atropiniques de synthèse en pulvérisation nasale, voire, antileucotriènes…
Tout asthmatique qui travaille doit enfin être interrogé sur sa profession, car le rôle de cette dernière est encore trop souvent sous-estimée, soit comme facteur déclenchant de l'asthme, soit comme facteur aggravant. Or la part des asthmes professionnels avoisinerait les 10 %. Les métiers à risque sont ceux en contact avec la farine (boulangers, meuniers), le latex (professionnels de santé), les persulfates (coiffeurs), les isocyanates (peintres), la chloramine (professionnels de l'entretien), la sciure de bois (menuisiers), etc.
En revanche, la recherche systématique d'une éosinophilie n'est plus recommandée, sauf si on suspecte une aspergillose, par exemple. De même, en ce qui concerne le dosage des IgE totales, à l'exception des patients qui relèvent d'un traitement par anti-IgE.
Relations avec les autres allergies.
Parallèlement, les experts ont conclu que l'asthme n'était pas un facteur de risque d'allergie aux médicaments comme la pénicilline. Il n'y a pas non plus de risque particulier pour un asthmatique allergique à se faire vacciner. Le vaccin antigrippal est même recommandé et gratuit pour tous les asthmatiques, à l'exception des formes associées à une allergie clinique et démontrée à l'oeuf (idem pour le vaccin de la fièvre jaune).
En revanche, ils ont estimé que l'asthme était un facteur de risque d'allergies alimentaires et, surtout, de risque de survenue d'un accident grave : en cas d'allergie à un aliment, il y a plus de risque de décéder d'un bronchospasme aigu que d'un choc anaphylactique. Dans ce cas, le patient doit avoir toujours de l'adrénaline à disposition. Il est également reconnu que l'asthme est un facteur de risque pour les produits de contraste iodés, a fortiori s'ils sont hyperosmolaires ou ioniques : les radiologues doivent donc être avertis avant examen.
Sur le plan thérapeutique.
Selon les nouvelles recommandations internationales, l'asthmatique ne doit plus être traité sur la seule notion de la sévérité de son asthme, mais plutôt sur la notion de contrôle de cet asthme. Il faut donc trouver le traitement médical minimal efficace avec lequel il est bien contrôlé.
En cas de survenue d'événements indésirables (réveils nocturnes, prises de bêta 2-mimétiques en secours, retentissement sur les activités quotidiennes…), le patient peut augmenter son traitement de fond pendant quelques jours ou, si cela ne suffit pas, consulter son médecin qui augmentera son traitement d'un palier thérapeutique. «Pour aider le patient à s'y retrouver, le pneumologue doit rédiger par écrit un plan d'action personnalisé dans lequel il explique, de façon très détaillée, ce que le patient doit faire quand il va bien et ce qu'il doit faire quand il va moins bien (en fonction des symptômes). Il est très important que le malade puisse y retrouver les signes annonçant, chez lui, la perte de contrôle», insiste le Pr Vervloet.
A cet égard, le plan Amélioration qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques, paru cette année, pourrait permettre le déblocage de fonds destinés à l'éducation thérapeutique. Enfin, Grazac, extrait de fléoles, a eu son AMM pour la désensibilisation des rhinites allergiques aux graminées, mais sa date de mise sur le marché n'est pas encore connue.
D'après un entretien avec le Pr Daniel Vervloet, pneumo-allergologue, CHU, hôpital Sainte-Marguerite, Marseille, président de l'association Asthme & Allergies.
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