En décembre dernier à Lille, lors de ses Journées annuelles, le Collège national des gynécologues et obstétriciens France (CNGOF) a actualisé ses recommandations pour la prévention de l'infection à cytomégalovirus (CMV) pendant la grossesse (1).
Idéalement, tout couple désireux d’avoir un enfant devrait bénéficier d’une consultation préconceptionnelle, mais, la consultation prénuptiale ayant disparu, beaucoup n’ont pas ce réflexe. « C’est d’autant plus dommage que les mesures à prendre en prévention pour ne pas attraper de CMV sont simples (lire encadré), mais pas encore assez connues du grand public, regrette le Pr Olivier Picone, à l’origine du Groupe de recherche sur les infections pendant la grossesse (Grig) et d’une vidéo sur la prévention (2). L’une des pistes pour pallier ce manque pourrait d’ailleurs être d’informer les femmes en âge de procréer à l’occasion de la consultation du post-partum d’un premier enfant. Sont en effet particulièrement à risque d’attraper un CMV les mères d’un enfant en bas âge et les professionnelles au contact d’enfants de moins de 4 ans. »
Les formes graves plutôt précoces
Selon une étude française ayant porté sur plusieurs maternités d’Île-de-France, 0,4 % des nouveau-nés sont infectés par un CMV. Tous n’ont pas des troubles graves, mais l’infection par un CMV est la deuxième cause de troubles auditifs chez l’enfant ; or, ceux-ci peuvent être absents à la naissance et se développer dans les premières années de vie. Ils échappent alors au dépistage néonatal de la surdité.
« Le risque de transmission materno-fœtale augmente avec le terme. Le risque de forme grave concerne essentiellement les patientes infectées en début de grossesse, explique le Pr Picone. La prise en charge d’une séroconversion repose sur l’amniocentèse, pour savoir si le fœtus est infecté ou non, et sur l’imagerie bien ciblée. Si l’amniocentèse est négative, la probabilité pour que le fœtus soit infecté est très faible et, s’il l’est mais avec des échographies ciblées normales, le risque de séquelles graves est considéré comme quasi nul. À l’inverse, quand l’imagerie retrouve un retard de croissance, un petit périmètre crânien, une ventriculomégalie, etc., le pronostic neurologique est alors très réservé. »
Sérologie au cas par cas
Après discussion et évaluation des risques propres à chaque femme, des sérologies de dépistage peuvent être proposées. L’interprétation est simple dans la majorité des cas : l’apparition d’IgG spécifiques est le témoin d’une séroconversion. Cependant, les sérologies ne permettent pas de faire le diagnostic des réactivations ou des réinfections. Or, ces dernières peuvent également être responsables d’infections fœtales graves, même si le risque de transmission est moindre qu’avec une primo-infection. Les informations sur l’hygiène doivent donc être universelles.
« À ce jour, les conditions ne sont pas réunies pour proposer un dépistage systématique à toutes les femmes enceintes, comme c’est le cas pour la toxoplasmose, explique le Pr Picone. En effet, il n’existe pas de traitement susceptible d’empêcher le passage du CMV de la mère au fœtus. Le valaciclovir à haute dose fait néanmoins l’objet d’études. Des équipes françaises y travaillent, ainsi que sur d’autres projets de recherche en pré- et en postnatal. De quoi reposer la question du dépistage systématique du CMV en prénatal et en néonatal dans quelques années. »
exergue : Faute de consultation préconceptionnelle systématique, le post partum pourrait être un cadre de choix pour délivrer l'information
Entretien avec le Pr Olivier Picone, gynécologue obstétricien, responsable de l’unité de diagnostic prénatal du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital Louis-Mourier (Colombes)
(1) référence?
(2) www.youtube.com/watch?v=laImmVEV8Qk
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature