Antiquités
Cherchez l'erreur. Par exemple, sur ce trumeau Louis-Philippe peint en 1838 qui figure parmi les dernières « Trouvailles » du Village Notre-Dame à Bordeaux. Le pont suspendu comme un anachronisme au-dessus d'un paysage romantique vert et bleu ? Pas du tout ! Ce pont est, nous dit-on, un des premiers du genre, audacieusement lancé sur la Dordogne en 1836 à Saint-André-de-Cubzac. Cet audacieux ouvrage d'art n'eut malheureusement pas le temps de passer dans l'histoire, il fut balayé trente ans plus tard par une tempête et reconstruit par Eiffel vers 1880.
Au Village Notre-Dame, les « trouvailles » ne sont pas isolées chacune dans la devanture de leur propriétaire, pour la bonne raison que les stands sont ouverts et sans vitrine, regroupés sur l'espace d'exposition, donc confrontés directement avec les autres. Il ne s'agit pas d'élire le plus beau et le mieux choisi, mais de créer un événement.
Un objet peut être exceptionnel à plus d'un titre. Parce qu'il est unique, comme un secrétaire bordelais en acajou aux proportions inhabituelles, dont le bas dissimule un coffre-fort. Parce qu'il est spectateur ou exotique, comme une grande jardinière fin XIXe du faïencier bordelais Vieillard ornée de têtes d'éléphant d'inspiration indienne. Ou encore par son caractère anecdotique, comme cette malle de voyage en cuir brun XVIIIe, dont un des côtés s'ouvre en abattant, dégageant de petits tiroirs qui le transforment en bureau de voyage.
Parmi les trouvailles du village, on admirera encore une relativement rare tasse trembleuse en porcelaine d'époque Louis XVI, venant de la première manufacture de Limoges, placée à l'époque sous la protection du comte d'Artois. Ainsi nommée car la tasse s'encastre de un ou deux centimètres dans sa soucoupe, ce qui lui évite de glisser quand on la tient d'une main incertaine.
Les antiquaires de Notre-Dame préfèrent, quand c'est possible, élire une « trouvaille » de leur région. Le poinçon de l'orfèvre bordelais Gabriel Mestre figure ainsi sur une paire de flambeaux de toilette en argent datés de 1779. En revanche, c'est la signature de l'horloger parisien Lefaucheur qui figure sur le cadran d'un somptueux cartel d'alcôve en bronze doré d'époque Louis XV qui est certainement la pièce la plus spectaculaire de cette exposition anniversaire.
Il y a tout juste vingt ans que le Village Notre-Dame s'installait au cur du vieux quartier des Chartrons, devenu aujourd'hui un quartier d'antiquaires, à proximité de la Cité du vin. Outre la vingtaine de généralistes et spécialistes qui se partagent les stands, le centre abrite aussi des artisans et propose des stages d'initiation au mobilier, aux objets, et aux techniques de restauration.
Exposition du samedi 9 au dimanche 31 mars, Village Notre-Dame, 61-67, rue Notre-Dame. Ouvert chaque jour : 10 h-12 h et 14 h-19 h (14 h-19 h les dimanches 17, 24, 31 mars), entrée libre.
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