Livres / Beethoven, Cendrars, Tolstoï

Aux grands hommes, les auteurs reconnaissants

Publié le 28/09/2010
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ÉCRIVAIN prolixe et auteur à succès s’il en est, qui s’est distingué autant dans le théâtre que dans le roman et la nouvelle (il a reçu le dernier prix Goncourt de la nouvelle pour « Concerto à la mémoire d’un ange »), Éric-Emmanuel Schmitt ajoute deux petites notes sous forme d’ouvrage à son imposante bibliographie.

«Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent… » (1) est le deuxième volet d’un cycle de réflexions intitulé « Le bruit qui pense » (en hommage à la phrase de Victor Hugo, « La musique, c’est du bruit qui pense ») sur les musiciens comme maîtres de vie, qu’il a débuté par « Ma vie avec Mozart » et qui devrait se poursuivre avec des hommages à Bach et à Schubert. Et puisque tout procède par référence, ajoutons que le titre du livre, pour le moins lapidaire, est une remarque qu’a laissée échapper son intransigeante professeure de piano alors qu’il était adolescent.

Nous voilà dans le vif du sujet de ce livre sur Beethoven, qui se présente comme des retrouvailles émerveillées et émouvantes avec un compositeur qu’Éric-Emmanuel Schmitt a découvert et aimé avec passion à 15 ans, qu’il a fréquenté assidument jusqu’à 20 ans et qu’il a « oublié » du jour au lendemain. Avant de retomber sous le charme et au-delà.

Au-delà de son cas personnel, la question est de savoir pourquoi on n’interprète presque plus Beethoven, pourquoi l’homme d’aujourd’hui n’éprouve plus ces émotions, ce romantisme, ces orages intérieurs et cette joie que transmet sa musique. L’agrégé de philosophie se révèle un fin musicologue et toujours un écrivain plein de fougue et d’esprit qui déchiffre sa partition avec bonheur. Pour finir de nous convaincre, un CD est inclus dans le livre, qui fait entendre des œuvres de Beethoven interprétées par de grands chefs historiques et les meilleurs instrumentistes.

Ce texte, pas plus long qu’une centaine de pages, est suivi d’une courte fiction qui exprime ce que l’essai dit sous forme conceptuelle et que l’auteur avait écrite plusieurs mois auparavant. « Kiki van Beethoven » – qui est aussi une comédie-monologue actuellement jouée au théâtre La Bruyère par Danièle Lebrun, dans une mise en scène de Christophe Lindon – met en scène une retraitée et ses trois copines. Elle rapporte un jour d’une brocante un buste de Beethoven, persuadée qu’il lui ferait entendre de la musique, comme lorsqu’elle était jeune. Mais le trophée reste muet. Kiki s’acharne, et, finalement, ses trois amies, avant elle, finiront par entendre la petite musique qui est celle de leur jeunesse perdue, de leurs émotions refoulées et des secrets enfouis.

Blaise Cendrars à la lettre.

Il y aura cinquante ans en janvier prochain que Blaise Cendrars est mort, à l’âge de 74 ans. Loin de tout esprit de commémoration, Patrice Delbourg – qui est un grand amateur de jeux de mots et de verbes en même temps que romancier et poète couronné des prix Max-Jacob et Guillaume Apollinaire – nous offre en avant-première un formidable voyage dans la vie et l’œuvre de cet aventurier lettré, touche-à-tout unique en son genre.

« L’Odyssée Cendrars » (2) se présente sous la forme d’un abécédaire qui, de A à Z, célèbre les 26 vies de l’écrivain. Plutôt que de nous embarquer dans une longue énumération des périples et séjours de l’Europe à la Russie et aux Amériques, des champs de bataille des deux guerres mondiales (c’est une balle de mitrailleuse « boche » qui a déchiqueté sa main droite, la main « écrits vaines »), de la poésie (« la Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France ») au roman (« l’Or », « Moravagine »), au reportage et aux récits autobiographies (« l’Homme foudroyé », « la Main coupée », « Bourlinguer »), Patrice Delbourg nous propose des escales. Vingt-six arrêts, autant que de lettres dans l’alphabet, qui nous entraînent dans le sillage d’un écrivain insaisissable, qui, pour Patrice Delbourg, est bien plus qu’un « bourlingueur affabulateur ».

(1) Albin Michel, 184 p., 22,90 euros.

(2) Éditions écriture, 220 p., 17,95 euros.

MARTINE FRENEUIL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8824