Vives réactions politiques et associatives face aux conclusions de l’EFSA sur l’innocuité du bisphénol A

Publié le 22/01/2015
1421949544580145_IMG_145872_HR.jpg

1421949544580145_IMG_145872_HR.jpg
Crédit photo : PHANIE

Le rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur le risque sanitaire lié à l’exposition au bisphénol A a provoqué de vives réactions, à commencer par la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Ségolène Royal. La ministre s’est interrogée sur le « Poids des lobbies » dans la rédaction du rapport dans lequel l’EFSA estime qu’aux niveaux actuels, le bisphénol A ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs. « Le ministère va faire expertiser cet avis pour voir si le poids des lobbies n’est pas intervenu dans sa publication », a-t-elle affirmé.

De son côté, l’association Réseau environnement santé (RES) a accusé l’EFSA de « nier l’évidence » et de ne pas tenir compte du « changement de paradigme toxicologique » qui serait intervenu ces 20 dernières années. « L’EFSA trahit la mission qui celle d’une agence en charge de protéger la santé des Européens », estime son président André Cicolella dans un communiqué.

Des démarches différentes

Malgré des différences d’appréciations entre l’EFSA et l’ANSES, dont l’expertise collective de 2013 avait conduit à l’interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires effective depuis le 1er janvier 2015, le directeur général adjoint scientifique à l’agence française de régulation, Gérard Lasfargues, note tout de même que « des discussions régulières ont eu lieu entre l’ANSES et l’EFSA dès la première version du rapport de l’agence européenne. » Il rappelle que « cela a amené l’EFSA à réduire la dose journalière tolérable à 4 µg/kg/jour, ce qui n’était pas gagné d’avance. »

Pour expliquer les différences entre les conclusions de l’ANSES et celles de l’EFSA, Gérard Lafargues rappelle que « les deux rapports s’inscrivaient dans des démarches différentes : nous cherchions à caractériser les effets les plus sensibles et les probabilités de leur survenue, en particulier pour les populations exposées les plus sensibles alors que l’EFSA, suivant une approche déterministe, cherchait à définir une dose journalière tolérable. Les conclusions de l’EFSA ne remettent donc pas en cause les nôtres. »

Quel impact sur l’évolution de la réglementation ?

Dans les semaines à venir, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) devrait se prononcer sur une éventuelle restriction de l'usage du bisphénol A dans les papiers thermiques. Par ailleurs, devrait intervenir prochainement une décision finale de la classification du bisphénol A en catégorie 1B par la Commission européenne. Une étape qui a peu de risque de ne pas être franchie, compte tenu de l’avis positif déjà émis par le comité d’évaluation des risques (RAC) de l’ECHA. Suite à l'avis de l'EFSA, des risques de contentieux existent entre la France et l'Europe explique Gérard Lafargues.

Gérard Lafargues a annoncé que l’ANSES poursuivait son évaluation des risques liés au Bisphénol A et sur les effets à faibles doses, notamment au sein d'un consortium de recherche avec des agences sanitaires des Pays-Bas, d'Autriche et de Suède. Dans l'attente des résulat, « l'agence s'est autosaisie pour analyser les premières publications du programme de recherche sur le bisphénol A lancé par les NTP (National Toxicology Program) américains », a-t-il conclu.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr