À l’approche du début de la campagne de vaccination contre la grippe, le 13 octobre, les inquiétudes grandissent quant aux modalités de sa mise en œuvre dans un contexte de reprise de l’épidémie et d’arrivée des virus hivernaux.
En réponse aux appels à une vaccination massive lancés notamment par un groupe de députés, l’Académie nationale de pharmacie exhorte à ce que le vaccin contre la grippe soit « délivré d'abord aux personnes prioritaires » (personnes âgées ou souffrant de certaines maladies chroniques). Une position également défendue par l'Académie de médecine le 21 septembre, qui a, dans le même temps, rappelé sa proposition de rendre obligatoire la vaccination annuelle des soignants contre la grippe saisonnière.
L'Académie de pharmacie « met en garde contre l’entretien, notamment médiatique, d’une psychose qui pourrait, via une demande trop importante, entraîner des ruptures, au risque de ne pas pouvoir vacciner en priorité les 12 millions de personnes les plus fragiles ». L’alerte est adressée aux autorités invitées à prendre « rapidement des décisions justifiées, raisonnées et raison « d’emblée » nables, mais fermes ».
Grippe, pneumocoque et rotavirus
En parallèle, afin d’éviter que les épidémies hivernales « encombrent, voire saturent, en même temps les hôpitaux, les services d’urgence, les laboratoires de biologie en ville et l’ensemble du système de soins primaires », la vaccination doit être encouragée : contre la grippe pour tous les soignants et les plus fragiles, contre le pneumocoque pour les personnes immunodéprimées et les patients porteurs d’une maladie sous-jacente et contre le rotavirus des nourrissons de six mois à deux ans.
« En l’absence d’un vaccin contre le coronavirus SARS-CoV-2, la vaccination contre les autres infections est notre seule parade pour ne pas fragiliser notre système de santé en protégeant les plus fragiles », insiste l’Académie, en rappelant le rôle des professionnels de santé dans l’incitation à la vaccination.
Dans le même temps, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a détaillé des recommandations en vue d’une co-circulation du SARS-CoV-2 et des virus hivernaux. L’accent est également mis sur la vaccination contre la grippe des personnes éligibles dans le calendrier des vaccinations (notamment les personnes âgées et les soignants) et sur le maintien « strict » des mesures barrières.
Dépistage couplé SARS-CoV-2 et grippe sous conditions
Côté dépistage, la recherche de SARS-CoV-2 par RT-PCR doit être réalisée « devant tout signe évocateur de Covid-19 ou en cas de contact à risque avec une personne infectée ». Pour la grippe, ce sont les pratiques habituelles qui s’appliquent, en privilégiant les tests moléculaires aux tests antigéniques : surveillances des collectivités à risque et des infections respiratoires graves nécessitant une hospitalisation et dans le cadre de la surveillance épidémiologique. Une recherche couplée (SARS-CoV-2 et grippe) doit être envisagée « prioritairement chez les personnes à risque de formes graves ET en période de circulation grippale », souligne le HSCP.
Concernant les enfants de moins de 6 ans, la recherche de SARS-CoV-2 n’est pas indiquée en première intention devant un « tableau typique de bronchiolite ou de gastro-entérite peu sévère ou devant une fièvre bien supportée de moins de 4 jours chez un nourrisson », sauf en cas de contage avéré Covid-19. La recherche doit être effectuée « d’emblée » face à une symptomatologie fébrile et/ou respiratoire et/ou digestive, notamment en cas de contact avéré ou de présence au domicile de personnes considérées à risque de forme grave. La recherche pourra être différée devant une évolution atypique après la pose du diagnostic.
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