Bien qu’il apparaisse comme une des circonstances de la vie la plus communément partagée par les être humains, le deuil et ses conséquences reste pourtant l’un des faits sociaux les moins étudiés en France.
Une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC) apporte des données inédites sur une réalité souvent sous-estimée. Réalisée à la demande de la Chambre syndicale nationale de l’art funéraire (CSNAF), en 2016, elle a interrogé 3 071 individus âgés d’au moins 18 ans sur leur vécu du deuil selon les circonstances et le type des funérailles, sur les conséquences qu’il a eu sur eux, ainsi que sur les soutiens dont ils ont bénéficié et les difficultés qu’ils ont rencontrées. L’étude a été complétée par une trentaine d’entretiens approfondis auprès de personnes ayant vécu un deuil marquant au cours de leur vie.
En 2016, 42 % des adultes en France déclarent être actuellement affectés par un deuil, en voie de le terminer ou de le commencer. Même si une plus grande proximité affective existe aujourd’hui entre les générations, les jeunes restent la population la moins nombreuse à déclarer vivre un deuil, au contraire des 45-54 ans qui constituent la catégorie la plus touchée. Pour autant, l’impact du deuil ne dépend pas de l’âge du défunt ni de celui de l’endeuillé, mais du degré de proximité entre eux. L’étude montre que, parmi les 85 % des Français qui déclarent avoir vécu un deuil marquant au cours de leur vie, certains d’entre eux se réfèrent au décès d’un ami et pas systématique à celui d’un familier.
Des conséquences durables sur la santé
Contrairement aux idées reçues, le temps ne fait pas toujours son œuvre puisque 42 % des deuils considérés comme en début de processus datent de plus de 5 ans. Il s’agit dans 46 % des cas de décès consécutifs à une longue maladie de plus de 2 ans, cause de décès la plus fréquente (45 % des cas), et dans 82 % des cas de personnes considérées comme « très proches ». Parmi ces endeuillés, certains déclarent d’ailleurs ne jamais s’en être remis.
La souffrance ressentie au moment du décès est d’autant plus forte que la mort a été brutale. Elle est considérée comme « intense » dans 59 % des cas pour un accident, une maladie aiguë, un attentat ou un suicide, contre 50 % pour l’ensemble des causes. Les conditions de fin de vie ont un impact important sur la douleur ressentie : le décès survenu à l'hôpital est souvent plus mal ressenti par les proches que s'il survient à domicile ou en maison de retraite. Toutefois, l'hôpital peut aussi soulager l'inquiétude des familles par sa capacité à prendre en charge la souffrance physique du malade et le rôle des soignants est plutôt apprécié.
La participation active aux obsèques a un impact positif sur le vécu du deuil, la phase d'adieu au corps pouvant commencer dans la chambre funéraire.
L'impact sur la santé physique et psychique est non négligeable : 35 % des répondants déclarent avoir eu des problèmes de santé directement reliés à la perte d'un proche, caractérisés par un épuisement physique. Plus significatif encore, 39 % d’entre eux disent avoir été atteints physiquement et moralement, le plus souvent parce qu’elles ont traversé des épisodes dépressifs.
Les conséquences sur la vie professionnelle ne sont d’ailleurs pas négligeables : plus d’un actif sur deux (56 %) a dû s’arrêter de travailler suite à un décès. Si dans 42 % des cas la durée de l’arrêt ne dépasse pas une semaine et correspond aux jours accordés par l’entreprise ou à des congés pris par le salarié, près d’un tiers des actifs endeuillés (29 %) ont dû interrompre leur activité durant plus d’un mois. Les personnes de l’entourage sont, dans 81 % des cas, les premiers vers lesquels se tournent les personnes qui doivent affronter un deuil. Le médecin (77 %), le psychologue ou le psychiatre (84 %) ne sont pas considérés comme un recours immédiat.
Le Nobel de Chimie 2024 distingue des travaux sur les protéines, la recherche médicale en ligne de mire
Colopathie fonctionnelle : la réponse au régime pauvre en fodmaps dépend du profil métabolique
Eat’s OK : une appli pour un accompagnement nutritionnel adapté à la prise de médicaments
Patients âgés insuffisants rénaux : repousser le plus possible la dialyse pourrait être la meilleure option