Pour la 3e année consécutive, une hausse des cas est observée à Paris. Les personnes vulnérables restent davantage à risque de développer l’infection. Le ministère de la Santé a chargé la Haute Autorité de santé (HAS) et le Haut conseil de la santé publique (HCSP) d’actualiser les recommandations.
« Plus de la moitié des cas diagnostiqués de tuberculose (TB) concernent des personnes nées à l’étranger, est-il indiqué dans la feuille de route tuberculose 2019-2023 du ministère de la Santé présentée fin mars 2019. Leur droit à être dépisté grâce aux dispositifs existants sera facilité par l’adoption de nouvelles recommandations concernant ces dépistages ».
En 2017, 63 % des cas de TB en France étaient survenus chez des sujets nés à l’étranger. Dans le cadre du plan priorité prévention, le ministère de la Santé a ainsi demandé à la HAS d’élaborer des recommandations sur le dépistage systématique des groupes à risque et au HCSP d’actualiser ses préconisations sur le dépistage des infections tuberculeuses latentes (ITL), lequel a remis son rapport début septembre.
Migrants venant de pays de forte endémie
Afin de se conformer à l’élimination prônée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (« The End TB Strategy »), la feuille de route ministérielle vise deux objectifs principaux : réduire les inégalités territoriales face à la tuberculose et améliorer la qualité du suivi des personnes traitées, notamment pour des formes multirésistantes (MDR).
Pour ce faire, il est aussi souligné que le parcours de santé des migrants primo-arrivants provenant de pays de forte endémie implique une articulation bien « huilée » entre les différents acteurs de santé : Agences régionales de santé (ARS), Centres de lutte antituberculeuse (CLAT), structures de soins mais aussi de dépistage et de vaccination, médecine du travail, médecine scolaire, acteurs du médico-
social, etc
En chiffres, l’ambition affichée est que toutes les régions soient en dessous d’une incidence de 10 pour 100 000 habitants et que le score national soit inférieur à 5 pour 100 000 ; que l’issue soit favorable dans 75 % des cas traités avec un suivi documenté pour 100 % des cas MDR.
Si la TB reste une maladie fréquente dans le monde avec un nombre de nouveaux cas estimé par l’OMS à environ 10 millions chaque année, cette maladie est devenue moins fréquente en France, comme dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest.
Fortes disparités territoriales
La TB est devenue exceptionnelle chez les personnes nées en France, où la tendance générale était à la baisse durant les 30 dernières années. L’incidence est faible, inférieure en moyenne à 10 cas/100 000 habitants/an depuis plus de 10 ans. En 2017, elle était de 7,5 pour 100 000, soit au total près de 5 000 cas. Les hommes sont 2 fois plus touchés que les femmes (3 224 cas versus 1 762). L’âge médian était de 38 ans, plus de 38 % des cas étant concentrés dans la tranche d’âge des 25 à 44 ans.
Néanmoins, ces chiffres rassurants en apparence masquent une distribution hétérogène dans la population et de fortes disparités territoriales, est-il souligné dans le document ministériel.
Les régions concentrant le plus grand nombre de cas sont celles des plus grandes agglomérations (Paris, Lyon, Marseille). En termes de taux d’incidence, les départements et régions d’Outre-Mer Mayotte et la Guyane ainsi que le département d’Ile-de-France ont les taux les plus importants.
Paris, un miroir grossissant
À Paris, une hausse des cas de TB est observée, pour la troisième année consécutive en 2018. L’incidence a augmenté dans la capitale avec 20 cas pour 100 000 habitants. 444 cas ont été enregistrés l’année dernière; 404 en 2017 et 374 en 2016. Au total, l’augmentation du nombre de cas est estimée à 37 % sur 3 ans.
Dans la capitale, les tendances nationales sont encore plus marquées. Même si la nouvelle hausse de cas de tuberculose touche l’ensemble des classes d’âge, elle se concentre préférentiellement chez les 25-39 ans. La prédominance de l’atteinte masculine est retrouvée avec 77 % d’hommes touchés.
En 2018, à Paris, seuls 17,8 % (n = 79) des patients ayant une TB sont nés en Europe de l’Ouest. Plus de la moitié de l’ensemble des cas est née en Afrique subsaharienne. Près de 45 % des patients infectés habitaient dans des lieux de précarité voire de grande précarité (sans abris).
Il s’agissait de TB exclusivement pulmonaire dans 65 % des cas, une localisation extrarespiratoire étant retrouvée dans 35 % des cas (exclusivement dans 16 %, en majorité des formes ganglionnaires). En 2017, la MDR définie par la résistance à l’isoniazide et la rifampicine a augmenté, concernant 5 % des cas (n = 14), dont 3 cas ultrarésistants (XDR), c’est-à-dire MDR et résistants aussi aux fluoroquinolones
ou à une molécule administrée en intraveineuse (IV).
À Paris, des dépistages radiologiques itinérants ciblés ont été réalisés pour des populations à risque au sein de foyers de travailleurs migrants, des centres d’hébergement d’urgence ou de réinsertion. Ces dépistages sont mis en place à titre systématique lorsqu’au moins 2 cas de TB ont été diagnostiqués dans une même structure sur une période de 1 an.