LE QUOTIDIEN : En quoi la pop culture peut-elle contribuer à déstigmatiser les troubles mentaux ?
Dr JEAN-VICTOR BLANC : C'est un très bon moyen de parler de santé mentale, sur un ton autre qu'anxiogène, de mettre en valeur des parcours de rétablissement, à travers des personnalités comme Mariah Carey, Kanye West, Selena Gomez ou Stromae, et de toucher un public jeune. La plupart des troubles anxieux, dépressifs, bipolaires ou schizophrènes commencent avant 25 ans. En France, 30 % des 18-24 ans ont une maladie psychique, sans toujours avoir les clefs pour se repérer.
Il faut ajouter que la pop culture s'intéresse beaucoup à la santé mentale. Certes, il y a eu pendant longtemps des œuvres, des thrillers notamment, où le psychiatre était un serial killer et où les patients n'avaient aucun espoir de rémission.
Mais beaucoup d'œuvres résonnent avec justesse. C'est le cas de la série « Euphoria », qui met en scène une jeune adolescente sous l'emprise d'addictions et en grande souffrance psychique. Son personnage, qui est aussi intelligent, charismatique, séduisant, nous permet de nous mettre à la place d'une personne addict et de mieux comprendre la détresse que suscitent les rechutes, malgré tous ses efforts et ceux de ses proches. Les films « Happiness Therapy » ou « Mister John » peuvent aider à appréhender les troubles bipolaires, on les visionne d'ailleurs à l'hôpital Saint-Antoine dans le cadre de la psychoéducation.
La série française « En thérapie » donne une image honnête de la psychanalyse - qui ne saurait se résumer à la psychiatrie - avec ses succès et ses limites. Une table ronde avec les scénaristes et le Dr Serge Hefez, consultant de cette série, sera l'occasion de comprendre comment on réussit à faire un blockbuster sur une personne qui parle sur un divan.
Éco-anxiété, numérique, folie et créativité, inceste ou encore cyberharcèlement, vous abordez beaucoup de thèmes sociétaux…
Le festival s'adresse au grand public, et en particulier des jeunes, d'où l'idée de l'organiser dans ce lieu festif et culturel qu'est le Ground control. Des personnalités médiatiques interviendront au cours de tables rondes sur des thématiques en effet sociétales, pour montrer toute la diversité du champ de la santé mentale.
Mais il y aura aussi des ateliers centrés sur les pathologies, qui se veulent plus pragmatiques, ainsi que le village de solutions, où les visiteurs pourront trouver des réponses à leurs questions, voire des orientations ou adressages.
Plus largement, avec d'autres jeunes psychiatres invités, nous espérons porter une image dynamique de notre discipline qui traverse tant de crises. La déstigmatisation est une cause générationnelle, nous voulons promouvoir les belles histoires de rétablissements. Et donner aux étudiants l'envie de faire de la psychiatrie !
Le monde soignant est-il imperméable aux idées reçues sur la psychiatrie ?
Malheureusement, non. Beaucoup d'études, françaises et surtout internationales, montrent qu'une majorité d'universitaires en médecine considèrent encore qu'un élève brillant ne devrait pas faire de psychiatrie, ou qu'un stage dans cette discipline est une perte de temps.
Mais on ressent dans la population générale une prise de conscience. Nous n'avons jamais autant parlé de santé mentale qu'aujourd'hui : c'est encourageant, même si cela témoigne, sûrement, d'un taux de souffrance devenu intolérable depuis la pandémie.
* En partenariat avec la Fondation Falret.
Rens. : https://popetpsy.fr/
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