26 novembre 1974. Simone Veil défend son projet de loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse devant une Assemblée nationale qui lui est hostile (écouter son discours ci-dessous). La ministre de la Santé est la cible de violentes attaques et de propos outranciers.
Jacques Médecin, député des Alpes-Maritimes, évoque une « barbarie organisée et couverte par la loi comme elle le fut par les nazis ». Jean Foyer, ministre de la Santé de 1972 à 1973, prédit le pire : « Le temps n'est pas loin où nous connaîtrons en France les avortoirs, ces abattoirs où s'entassent des cadavres de petits hommes. »
Le Conseil national de l’Ordre des médecins est lui aussi farouchement opposé à cette mesure. Son président, le Pr Jean-Louis Lortat-Jacob, adresse aux parlementaires une lettre dans laquelle il rappelle les fondements de l’éthique médicale et met en garde le législateur contre les risques de dérives vers l’euthanasie.
Oui à la libéralisation, à condition de ne pas pratiquer...
Cette prise de position contraste avec le sondage réalisé par la Sofres auprès de 200 généralistes au mois de novembre 1974 et publié début décembre par « le Quotidien ». Près de 68 % se disent alors « partisans d’une libéralisation de l’avortement ». Parmi les moins de 35 ans, le score monte même à 89 %… D’accord pour la légalisation, mais les médecins se montrent plus timides lorsqu’il s’agit de pratiquer eux-mêmes l’IVG. Ils ne sont que 15 % à se déclarer prêts à le faire (46 % parmi les moins de 35 ans).
Cinq ans plus tard, l’Ordre nuance ses propos. Dans « Le Télégramme » du 9 octobre 1979, le Pr Lortat-Jacob admet que « la loi Veil a apporté une amélioration sanitaire considérable, puisqu'elle a permis la quasi-disparition des accidents septicémiques graves dus à l'avortement clandestin de jadis ». Sur le principe, l’Ordre reste toutefois hostile à ce texte, comme à « tout ce qui compromet la vie dès la conception », explique son président devant les caméras de la télévision le 8 octobre de la même année, alors que le Parlement doit voter la reconduction de la loi Veil.
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