Le surpoids n'a pas baissé en France au cours de la décennie passée, révèle une étude de l'agence Santé publique France publiée dans le « Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire » (BEH). La prévalence reste élevée avec près d'un Français sur deux en surpoids et les inégalités sociales n'ont pas bougé.
Ces nouveaux résultats, issus de la comparaison de l'étude ENNS-2006 (n = 3 566) et de sa suite logique Esteban-2015 (n = 3 702), donnent une idée de l'évolution de la corpulence et rejoignent les chiffres 2015 récemment publiés par la cohorte Constances (alors n = 110 000) dans le « BEH ».
« L'étude ENNS-Esteban, qui repose sur le tirage au sort et non sur le volontariat, est la seule représentative de la population, explique Valérie Deschamps, coordinatrice de l'équipe de surveillance et d'épidémiologie nutritionnelle de Santé Publique France et l'un des auteurs. Contrairement à Obépi, l'étude Esteban repose sur des données anthropométriques recueillies de façon standardisée. »
Des photographies de la population
Concernant ce qu'il faut attendre des différentes études sur le thème de l'obésité, Valérie Deschamps explique : « Les études transversales comme la nôtre et les études de cohortes, comme Constances ou Nutrinet, n'ont pas vocation à répondre aux mêmes questions. Avec ENNS et Esteban, ce sont des photographies à un instant donné, avec des échantillons indépendants à chaque fois. Mais il n'y a aucune inférence avec les maladies, contrairement aux suivis de cohortes. »
L'un des atouts de l'étude ENNS et du volet Nutrition d'Esteban (Étude de santé sur l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition) est de fournir des données chez l'enfant de 6 à 17 ans (n = 1 104).
La tendance en 10 ans est la même chez l'adulte et l'enfant. En France, 17,2 % des adultes étaient obèses en 2015 contre 16,9 % en 2006 (exactement 49 % pour 49,3 % pour le surpoids). De la même façon chez les enfants, 16,9 % étaient en surpoids en 2015 (17,6 % en 2006) et 3,9 % obèses (3,3 % en 2006).
La France élève moyen en Europe
L'étude Esteban met en lumière l'influence du statut socio-économique sur la prévalence du surpoids et de l'obésité, chez l'adulte et l'enfant. « Les différences socio-économiques sont toujours là à 10 ans et perdurent », souligne Valérie Deschamps. La prévalence du surpoids est plus élevée chez les personnes les moins diplômées, révèle l'étude. « Ainsi, 60,8 % des hommes et 53,4 % des femmes sans diplôme ou ayant un diplôme inférieur au baccalauréat étaient en surpoids ou obèses en 2015 », est-il précisé. Cette prévalence diminue à mesure que le niveau scolaire augmente. L'obésité massive est près de 5 fois plus importante chez les femmes de niveau scolaire inférieur au baccalauréat en comparaison des plus diplômées (3,7 % versus 0,8 %), souligne l'étude Esteban.
De la même façon, pour les enfants, le niveau de diplôme le plus élevé de la personne de référence du ménage influence la prévalence du surpoids, qui monte à 23,2 % pour ceux dont la personne de référence du ménage n'a pas ou peu de diplômes. A contrario, la prévalence est diminuée de plus de moitié (8,9 %) quand la personne de référence a atteint le 2e ou 3e cycle.
La France n'est néanmoins pas en queue de peloton pour l'obésité. Selon les données 2014 de l'OCDE, la France fait mieux que les États-Unis, l'Océanie, le Royaume-Uni et la Hongrie, où la prévalence du surpoids atteint plus, de 60 %, mais fait moins bien que la Corée ou le Japon, où la prévalence ne dépasse pas les 30 %.
La France se situe dans la moyenne des pays d'Europe occidentale et à ce titre, la stabilisation du surpoids observée avec ENNS-Esteban reflète une tendance à la stabilisation remarquée dans certains pays (Irlande, Royaume-Uni, Luxembourg, Corée, Japon). Si les enfants français sont un peu plus gros qu'en Europe en moyenne (17 % versus 13 %), ils restent bien en dessous des chiffres d'obésité des États-Unis et du Canada (4 % versus 10 %).
Les objectifs fixés par le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) en matière de corpulence dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS) n'ont pas été atteints. Le PNNS-3 (2011-2015) avait pour ambition de « diminuer en 5 ans, de 15 % en moyenne, chez les enfants de 3 à 17 ans, la prévalence globale du surpoids et d'obésité ». Ces nouvelles données, ainsi que les prochains volets d'Esteban (activité physique et consommation alimentaire avec une publication prévue avant fin 2017, les données biologiques viendront plus tard), donnent les orientations du PNNS-4 en cours d'élaboration.
Le blinatumomab améliore la survie dans la LAL-B, le cancer pédiatrique le plus fréquent
Un vaccin VHB avec un nouvel adjuvant induit une meilleure séroprotection chez les personnes VIH +
Sérologie sans ordonnance, autotest : des outils efficaces pour améliorer le dépistage du VIH
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?