C’est impassible mais les menottes aux poignets qu’André Hazout a quitté jeudi soir la cour d’assises de Paris qui l’a reconnu coupable des quatre viols et quatre agressions sexuelles pour lesquelles il était poursuivi.
La juridiction a condamné l’ancien roi de la FIV à huit ans de prison, soit moins que les 10 à 12 ans requis mercredi par l’avocate générale, mais beaucoup plus que ce qu’espéraient ses avocats.
Interdiction définitive d’exercer
Bien que déjà radié par le conseil de l’Ordre, André Hazout a de plus été condamné à une interdiction définitive d’exercer. La cour a estimé qu’André Hazout avait bel et bien profité de son statut de médecin pour abuser de la vulnérabilité de ses patientes, fragilisées par leur traitement hormonal et leur désir d’enfant.
Alors que dans la salle, les proches de l’accusé exprimaient leur stupeur face à ce verdict, les parties civiles, en larmes, se tombaient dans les bras. Les avocats d’André Hazout ont annoncé leur intention de faire appel.
Durant trois semaines, une trentaine de femmes – dont seules six plaignantes, les autres cas ayant été jugés prescrits – se sont succédé à la barre pour décrire ce qu’elles ont vécu derrière la porte du cabinet d’André Hazout des années 1980 aux années 2000 : baisers volés, caresses, rapports sexuels. Alors que l’accusé a reconnu des « gestes inadéquats » et des « relations amoureuses consenties », il a toujours refusé d’évoquer la moindre « contrainte ».
« J’ai fait mal sans le vouloir »
Jeudi midi, avant que la cour ne parte délibérer, l’ancien praticien s’était levé une dernière fois en homme libre pour faire amende honorable vis-à-vis des victimes et de la profession. « Je réalise tout le mal que j’ai pu engendrer. J’ai fait mal sans le vouloir, sans m’en rendre compte. Et je voudrais encore demander pardon à ces femmes, à mon épouse, à mes enfants et à mes pairs. […] Je ne suis pas un violeur, je n’ai jamais violé personne. »
Dans la matinée, ses avocats avaient bataillé ferme pour amadouer les jurés. Dans un premier temps, Caroline Toby s’était évertuée à saper la crédibilité des plaignantes. L’avocate les a ainsi accusées de n’avoir saisi la justice que pour « soulager [leur] conscience », parce qu’elles n’avaient pas eu le courage de dire non à un médecin qui leur plaisait. Tout ce qui a été raconté sur le Dr Hazout, c’est « de l’image, de la com, du mythe », avait-elle dénoncé. Ce n’est « pas un prédateur », mais « un type qui se débat dans des fautes qui pour lui sont des fautes morales, déontologiques et qui, une génération plus tard, sont devenues des crimes », avait-elle plaidé, mettant en garde contre la tentation d’une « condamnation pour l’exemple » chez les médecins gynécologues.
Me Francis Szpiner de son côté a contesté la vulnérabilité des patientes, des femmes d’un « très bon niveau intellectuel », « des guerrières » en mal d’enfant qui selon lui ne sont pas si fragiles. Il est convaincu qu’elles étaient tout à fait capables d’exercer leur libre arbitre, mêmes nues, les pieds dans les étriers. Plusieurs ont pourtant expliqué s’être senti piégées. Elles seraient revenues au cabinet alors même qu’elles sentaient des avances de plus en plus pressantes. Mais, a protesté Me Szpiner, « même si une femme se dit, "Si j’y vais, je vais y passer mais c’est le prix à payer pour avoir un enfant", moi j’appelle ça un choix. »
Agressions sexuelles étaient caractérisées
De ce fait, le conseil a contesté les quatre viols. En revanche, il a estimé que les quatre agressions sexuelles étaient caractérisées. Seulement, dans ce raisonnement, il y a une faille, avait souligné mercredi l’avocate générale, Annie Grenier. Car sur les six plaignantes, deux sont concernées et par le viol et par l’agression sexuelle. Comment le Dr Hazout peut-il soutenir qu’il a bien agressé sexuellement ces deux femmes, sans leur consentement donc, mais qu’ensuite, « lorsque le baiser s’est transformé en relation sexuelle, ils les aient vues comme consentantes ? Ce n’est pas cohérent ! » Pour elle, le gynécologue était plus dans « la toute-puissance » que dans la « séduction » et, « à un moment donné, le désir de l’un l’emportait sur la faiblesse de l’autre ».
Alors que le procès du Dr Hazout s’est doublé d’une attaque en règle contre l’Ordre parisien des médecins, les victimes lui reprochant d’avoir protégé le praticien durant 20 ans, mardi, le conflit s’est brutalement dénoué après que l’instance départementale a présenté ses excuses pour cette inertie coupable. « Nous avons mis tout en place en 2008 pour que cela ne puisse jamais plus arriver », a promis mardi le secrétaire général Jean-Luc Thomas.
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