« Des hydrocarbures dans nos assiettes. » Telle est la formule choisie par l’association Foodwatch à l’occasion de la présentation ce mardi d’une nouvelle étude* qui met en évidence de fréquentes contaminations d’aliments par des hydrocarbures aromatiques (MOAH) et hydrocarbures saturés (MOSH) d’huile minérale par le biais notamment des emballages en carton.
Cette étude qualifiée de « plus grande à l’échelle européenne à ce jour » avec 120 produits examinés en laboratoire a été conduite en France (42 produits), en Allemagne (42) et aux Pays-Bas (36). Dans chacun de ces pays, Foodwatch a sélectionné en juin dernier plusieurs catégories d’aliments secs de grande consommation, avec diverses références de pâtes, riz, corn flakes, couscous, lentilles ou autres poudres de cacao (grandes marques, marques distributeurs dont produits bio). Des types de denrées déjà pointés du doigt auparavant par des études qui ont montré une teneur importante en huiles minérales. L’ensemble des aliments a été scruté en juillet dernier par un laboratoire « agréé aux normes DIN EN ISO 17025 » mais qui a souhaité garder l’anonymat de crainte de perdre quelques clients du côté des industriels de l’agroalimentaire… Il faut dire que les résultats des analyses ne sont pas souvent flatteurs pour ces derniers : sur 120 produits, 83 % présentaient une contamination aux MOSH et 43 % aux MOAH. La plupart du temps, il s’agissait d’emballages recyclés. Mais pas seulement : ces contaminations peuvent également provenir de lubrifiants, d’agents de démoulage utilisés durant les processus de fabrication, ainsi que des pollutions environnementales, notamment au cours des phases de transport de marchandises.
Des taux inquiétants en France
Les concentrations relevées varient de 0,2 à 12,8 mg/kg pour les hydrocarbures saturés d’huile minérale et de 0,3 à 2,7 mg/kg pour les hydrocarbures aromatiques d’huile minérale. Sur les trois pays, la France affiche les taux les plus inquiétants avec 60 % des 42 produits sélectionnés dans l’Hexagone contaminés par des MOAH et 86 % par des MOSH, l’Allemagne faisant au contraire figure de bon élève au sein du trio de pays concerné par l’étude. « Ces données ne sont qu’une photographie à un instant "T" et les contaminations sont susceptibles d’augmenter avec le temps », d’autant qu’il s’agit ici de produits de longue conservation, souligne Ingrid Kragi, directrice de l’information de Foodwatch. « Les résultats sont inquiétants car la littérature scientifique nous indique que les huiles MOAH sont potentiellement cancérogènes, mutagènes et suspectées de perturber notre système endocrinien », ajoute Karine Jacquemart, directrice générale de l’association.
Pétition et revendications
Les MOSH beaucoup plus fréquents et en quantités plus importantes que les MOAH s’accumulent dans les organes et peuvent les endommager selon des études référencées par Foodwatch qui entend mobiliser l’opinion, soutenu en cela par le Réseau environnement santé (RES), présidé par le toxicologue André Cicolella. La pétition tente de faire bouger les lignes au niveau des politiques, des industriels de l’agro-alimentaire et de la grande distribution. Comme le rappelle l’association, des solutions existent et « la seule manière de protéger les aliments des substances dangereuses présentes dans les matériaux d’emballage est l’utilisation d’une barrière efficace », tel un sachet interne séparé ou un film hermétique/absorbant intégré à l’emballage carton. Foodwatch réclame aussi la fixation de limites spécifiques concernant les concentrations de MOSH et MOAH.
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