Une nouvelle publication dans « The Lancet » détaille le premier cas mondial, confirmé, d’infection par un nouveau virus aviaire influenza A (H10N8). Une femme âgée de 73 ans vivant à Nanchang dans la province du Jiangxi, en Chine, est décédée 9 jours après le début de l’infection. L’origine de la contamination n’est pas précise mais l’enquête a révélé que cette femme s’était rendue sur un marché de volailles vivantes quelques jours avant la déclaration des premiers symptômes, comme dans les cas d’infections à virus aviaire A(H5N1) et (H7N9).
Le cas
Cette femme a été admise le 30 novembre 2013 à l’hôpital de Nanchang. Elle était hypertendue et coronarienne connue, et avait subi une thymectomie un an plus tôt pour une myasthénie évoluée.
Les symptômes initiaux étaient une toux, douleur constrictive dans la poitrine, apparus le 27 novembre. Deux jours plus tard, la patiente était fébrile (38,5 °C) lorsqu’elle a été hospitalisée. La radiographie montre une infiltration pleurale bilatérale et le scanner thoracique, une hyperdensité des lobes inférieurs droit et gauche. La numération sanguine révèle une lymphopénie et une hyperneutrophilie, une CRP et une créatininémie augmentées et une élévation progressive de l’urée signant le début de l’atteinte rénale.
Malgré l’instauration d’une antibiothérapie (céfotaxime seul 3 g en IV, céfotaxime + lévofloxacine, vancomycine + méropénème, vancomycine + méropénème + moxifloxacine), d’une corticothérapie [méthylprednisolone (80 mg x 2 en IV) puis dexaméthasone (10 mg en IV x 2, puis 10 mg/j)], et un traitement antiviral par Tamiflu (75 mg x 2 ) débuté le 6e jour, la patiente est décédée au 9e jour de défaillance multiviscérale et choc septique. Aucun membre de l’entourage n’est contaminé.
Identification virale
Les aspirations trachéales réalisées au 7e et 9e jour se sont révélées positives en RT- PCR pour A(H10N8) : A/Jiangxi-Donghu/346/2013(H10N8, abrégé JX346, et négatives pour les virus saisonniers (H1, H3 ou B) ; elles sont également négatives pour H5N1, H7N9. Aucune infection bactérienne ou fungique concomitante n’a été retrouvée dans les diverses analyses. Le virus était sensible aux inhibiteurs de la neuraminidase.
Les antécédents chroniques ont vraisemblablement accéléré l’évolution vers les décès de la patiente. Les auteurs ne tirent aucune conclusion sur une éventuelle épidémie mais considèrent que le virus A(H10N8) constitue une nouvelle menace pour l’homme.
Clinical and epidemiological charac tristics of a fatal case of avian influenza A H10N8 virus infection : a descriptive study. Publication en ligne. The Lancet, 5 février 2014
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