Alors que les spécialistes alertent depuis plusieurs mois sur les pertes de chances des patients atteints de cancer, comment s’organisent les soins à l’aune de la pandémie ?
À l’Institut Curie, premier centre français de lutte contre le cancer, « il n'y a aucune déprogrammation sur nos trois sites depuis novembre », assure le Pr Pierre Fumoleau, cancérologue et directeur de l'ensemble hospitalier. Les 15 blocs opératoires tournent à plein régime, permettant de rattraper une bonne partie du retard de la première vague. « Au printemps 2020, on avait une diminution d'activité qui était de l'ordre de 30 %, à la fin de l'année la baisse n'a été que de 5 % », raconte Pierre Fumoleau, et le rythme reste encore « très soutenu » aujourd'hui.
Cela ne serait pas possible sans la bénédiction de l'agence régionale de santé (ARS), qui a passé accord avec les deux centres anti-cancer franciliens (Curie et Gustave-Roussy) pour préserver les places en soins critiques dans ces structures. « On est sanctuarisé. »
Difficultés de recrutement
Les malades ont beau être systématiquement testés avant une intervention, il faut tout de même se passer des chambres doubles pour éviter les contaminations. Faute de place, le recours de l’hospitalisation à domicile est accru.
Curie doit également faire face à une pénurie d’infirmières. « On a d'énormes difficultés actuellement pour recruter des infirmières, et cela pose des problèmes pour la continuité des soins », s'inquiète Pierre Fumoleau. Les départs enregistrés l'été dernier n'ont pas été remplacés, et le centre doit se résoudre à transférer certaines chimiothérapies dans d'autres établissements.
Plus au Sud, du côté d’Avignon, l’Institut de cancérologie Sainte-Catherine, est lui aussi forcé de s’adapter. Avec 1 000 patients suivis hors les murs, dont une vingtaine qui nécessite en permanence une hospitalisation pour cause de complication « nous n’avons pas assez de places pour les accueillir, et les hôpitaux et cliniques de notre région sont saturés », indique au « Quotidien » le président de l’Institut, Roland Sicard.
À Avignon, on mise sur la télémédecine
Pour continuer à suivre ses patients, prendre en charge les complications liées aux traitements et gérer la douleur, Roland Sicard a lui pris le pari de la télémédecine. Objectif : monitorer et rassurer ces patients à distance, « qui auraient, en temps normal, nécessité une hospitalisation dans nos murs ». Le centre de cancérologie a mis en place une application à destination des patients, intégrant un questionnaire de suivi. En fonction de la complication remontée par le patient, un pharmacien, une infirmière ou encore un médecin est alerté.
« Le cas typique c’est un patient qui fait une neutropénie fébrile post-chimiothérapie. Cet outil nous permet de le rassurer à distance, de soulager son inconfort, tout en lui expliquant la marche à suivre » illustre Roland Sicard. Face à la pandémie, l’institut mise sur la télémédecine, mais aussi sur le soutien des réseaux de ville, « pour déléguer certaines alertes au médecin traitant par exemple ».
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