« C'est l'aboutissement de cinq années de travail. La Maison des soignants est là et elle sera un lieu phare pour tous les professionnels de santé en souffrance », se réjouit déjà le Dr Éric Henry, président de l'association SPS (Soins aux professionnels de santé), à l'initiative de ce projet. Ce mardi matin, le généraliste installé à Auray, ancien patron du Syndicat des médecins libéraux (SML), inaugurait avec des bénévoles ce lieu qui se veut entièrement dédié au bien-être et à la santé mentale des professionnels de santé. L'espace sur trois étages est situé au 4 rue de Traktir, dans le très chic 16e arrondissement de Paris, et sera officiellement ouvert ce 1er septembre.
À deux pas de l'Arc de Triomphe, les étudiants en santé et soignants vulnérables – libéraux comme hospitaliers – peuvent désormais se retrouver, échanger, se ressourcer mais aussi se former et s'informer sur le mieux-être, dans des locaux de près de 800 m2 qui appartiennent à l'URPS chirurgiens-dentistes francilienne.
Consultations gratuites et groupes de parole
Dans ce « lieu d'accueil et de refuge », les professionnels peuvent aussi bénéficier, gratuitement et sur rendez-vous, de consultations avec des psychologues formés à l’accompagnement et à la reconversion, de permanences administratives et juridiques avec des experts (informations concernant les droits, la défense en cas d’abus…).
Des bilans d'activité physique, formations sur la prévention du suicide ou encore des ateliers de ressources et d'actions à la prévention (gestion du stress, alimentation, management…) sont proposés, de même que des groupes de paroles. Parmi les objectifs affichés : « se ressourcer » et « éviter de s'épuiser » avec des ateliers axés sur les interventions non médicamenteuses (INM). La Maison des soignants revendique des contenus « ayant montré des preuves scientifiques reconnues ou publiées. »
Selon le Dr Eric Henry, cet « îlot de paix » unique répond au « besoin grandissant » exprimé par les soignants en souffrance « d’être aidés et soutenus sans savoir où s’adresser ». Selon l'association SPS, près d’un quart des soignants présentent chaque jour des troubles du sommeil, plus d’un tiers ne prennent pas de repas assis et ils posent deux fois moins de journées d'arrêt de travail que le reste de la population.
Toujours selon l'association, 85 % des soignants ont exprimé un manque de soutien psychologique durant la crise sanitaire et 74 % souhaiteraient avoir recours à des interventions non médicamenteuses (mindfulness, relaxation, hypnose, activité physique…) pour prendre soin d’eux.
230 000 euros de soutien par la région
« À travers cette création, je vois la détresse de mes confrères que j'aurais préféré ne pas voir exister », résume Thomas Olivier Mc Donald. Pour le président de l'URPS chirurgiens-dentistes d'Île-de-France, les causes de cette détresse sont diverses et à rechercher dans « l'évolution de la société » mais aussi dans « les comportements ».
Dégradation des conditions de travail, conventions inadaptées, judiciarisation de la médecine, harcèlement, vandalisme… autant d'évolutions qui, selon le patron de l'URPS, participent à la dégradation de la santé mentale des professionnels de santé, rendant leur quotidien difficile. « Si la Maison des soignants est un remède, il faudra un jour s'attaquer aux causes », recadre-t-il.
Invité ce mardi à cette inauguration, le Dr Ludovic Toro, généraliste et maire (UDI) de Coubron (Seine-Saint-Denis), délégué de la région Île-de-France, précise que le conseil régional accompagne cette initiative à hauteur de 230 000 euros. « Est-ce que c'est suffisant pour pouvoir aider tous les soignants ? s'interroge-t-il. La région a donné de l'argent mais les autres aussi devraient le faire ». Pour fonctionner, la Maison des soignants a besoin d'un budget annuel de fonctionnement d'environ 300 000 euros. L'association SPS appelle au soutien d'autres partenaires comme l'ARS, l'hôpital ou le ministère de la Santé.
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