La situation s'annonce encore confuse dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD) face à la crise sanitaire, s'agissant en particulier de la stratégie en matière de dépistage.
Lors d'un point de situation mardi 14 avril, la déléguée générale du SYNERPA, qui représente 1 850 établissements privés, soit la quasi-totalité du parc, a d'abord rappelé que 60 % des établissements étaient toujours épargnés, mais avec des situations très hétérogènes selon les régions. L'Ile-de-France a un taux de prévalence « plus important que partout ailleurs », a indiqué Florence Arnaiz-Maumé, avec plus de 60 % des établissements ayant au moins un résident infecté. Le Grand Est reste fortement touché, ainsi que la Bourgogne Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes et la région PACA, dans une moindre mesure. Les Hauts-de-France et la Bretagne, malgré des foyers épidémiques, « ont bien résisté », tandis que l'Ouest et le Sud-Ouest sont relativement épargnés. Au global 3 à 5 % des EHPAD privés sont durement touchés, évalue le syndicat. En début de semaine, plus de 5 300 décès liés au Covid-19 avaient été recensés en EHPAD publics et privés depuis le 1er mars, selon la DGS.
Le SYNERPA veut tester davantage
Dans ce contexte pluriel, l'annonce ministérielle de la mise en place de tests de dépistage par PCR à grande échelle au sein des EHPAD reste sujette à des interprétations locales et à des flottements, faute de protocole national officiel.
Le ministre de la Santé avait pourtant annoncé le 6 avril le lancement d'une vaste campagne de dépistage dans les EHPAD, encore réaffirmée ce mardi en direction des publics « les plus fragiles, les malades hospitalisés, les soignants », mais la doctrine et la stratégie nationale d'application sont toujours attendues, regrette le SYNERPA.
« Les préfets et les directions d'ARS ont reçu ce protocole, mais nous l'attendons toujours en bonne et due forme ! indique Florence Arnaiz-Maumé. Et d’après ce que j'en sais, il ne nous conviendrait pas car il ne prévoit pas de tester tous les résidents et les soignants et fait le distinguo entre trois types de situation. Or nous ne pouvons pas mener ce combat sans tester un maximum, voire 100 % des résidents ».
D'après la déléguée générale, les EHPAD jusque-là épargnés verraient leur premier cas (suspecté ou avéré) être testé, puis transféré, mais la totalité de l'établissement et des soignants ne seraient pas dépistés. Un deuxième cas de figure concerne les établissements peu touchés, où la situation est sous contrôle. Trois résidents (a minima) y seraient testés et la totalité du personnel de l'EHPAD. Une stratégie jugée là encore insuffisante. Enfin, dans les établissements en tension, l'ensemble du personnel serait testé « mais pas forcément l'ensemble des résidents », indique Florence Arnaiz-Marmé.
Initiatives locales
La situation est d'autant plus brouillée dans les EHPAD que de nombreux maires ou régions n'ont pas attendu les consignes officielles pour prendre les devants, notamment à Nancy, où le dépistage systématique par sérologie a été mis en place. A La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), le Pr Philippe Juvin, maire LR, a fait tester l'ensemble des résidents et du personel des EHPAD de la commune.
Le SYNERPA alerte enfin sur le manque d'équipements de protection pour les personnels des établissements. Si les masques chirurgicaux sont désormais en nombre suffisant, après plusieurs semaines de pénurie, ce sont les masques FFP2 et les surblouses qui font défaut. Certains établissements utilisent des surblouses en tissu, décontaminées tous les soirs, selon le syndicat, rappelant qu'il en va de leur responsabilité d'employeur vis-à-vis des personnels...
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