Face à une demande de vaccination supérieure à l'offre, plusieurs syndicats et fédérations de professionnels de santé s'inquiètent du risque d'exclusion des populations fragiles et précaires ou totalement exclues du numérique.
La Fédération nationale des centres de santé (FNCS, gestionnaires) a ainsi critiqué le rappel à l'ordre du Préfet de Seine-Saint-Denis qui reprochait aux centres de vaccination du département de ne pas proposer de rendez-vous en ligne et de réserver une partie des doses aux populations défavorisées. « Ces centres de santé tentent de rétablir un peu d'équilibre entre les populations qui accèdent à la vaccination parce qu'ils constatent des inégalités d'accès criantes parmi les plus de 75 ans ou porteur de maladies chroniques des quartiers populaires », justifie la FNCS.
Selon cette fédération, les centres de vaccination des banlieues populaires voient affluer une population inhabituelle dans leurs structures. « Le manque de vaccins dans tous les territoires d'Ile-de-France a poussé les plus agiles aux moyens modernes de communication à prendre rendez-vous loin de chez eux (...) Tous les rendez-vous ouverts ont été pris en moins de 48 heures au détriment des populations défavorisées les plus à risque de forme grave de la Covid », ajoute-t-elle.
Monopole privé
Au lieu d'un rappel à l'ordre préfectoral, la fédération souhaiterait plutôt que les centres aient une autonomie de gestion afin de compenser ces inégalités sociales.
Une revendication partagée par le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) qui désapprouve, dans un tweet, le monopole donné par l'État à une plateforme privée pour l'organisation de la vaccination.
En demandant des rendez-vous par internet pour la vaccination, on creuse encore les inégalités d’accès aux soins.
— Syndicat Jeunes MG (@SNJMG) February 15, 2021
D’autre part,en imposant Doctolib à ses centres, l’État favorise le monopole d’une entreprise privée à but lucratif sur des services médicaux.https://t.co/qtYKy3PlJV
MG France se mobilise aussi sur la question des inégalités aux vaccins. Le syndicat de médecins généralistes estime que l'actuelle pénurie de doses nécessite une attention toute particulière pour les populations défavorisées ou âgées qui n'ont pas pu s'emparer des moyens de prise de rendez-vous en ligne.
Faciliter le repérage
Le syndicat va même plus loin en proposant une nouvelle offre de vaccination avec trois lignes d'entrée : une partie réservée au public qui prend lui-même rendez-vous en ligne ; une deuxième partie réservée aux personnes repérées par les services sociaux et les centres communaux d'action sociale (CCAS) des communes environnantes ; et enfin une dernière entrée gérée directement par les généralistes et les professionnels de santé de proximité (pour leurs patients prioritaires). « Cette règle permet de croiser les informations les plus pertinentes issues des acteurs des territoires. Elle facilite le repérage des patients défavorisés et la prise de rendez-vous des patients sans accès à internet », argue MG France.
La semaine prochaine, les praticiens libéraux pourront vacciner au cabinet les 50/64 ans : au-delà des modalités pratiques publiées par la direction générale de la santé (DGS), ils auront la possibilité de positionner des rendez-vous de vaccination pour les patients jugés prioritaires.
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