Dans sa contribution rendue le 13 mars dernier, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) invitait à mettre en place « une réflexion éthique de soutien auprès des équipes soignantes », pour les aider face à la pandémie de coronavirus. S'il suggérait la forme d'une « cellule de soutien éthique » le CCNE ne se voulait pas prescriptif et prônait le cas par cas.
Dès la semaine dernière, l'espace de réflexion éthique PACA-Corse s'est organisé pour proposer une cellule de soutien aux équipes de la région. Celles-ci peuvent la saisir par mail (soutien_ethique@ap-hm.fr). Le philosophe Pierre Le Coz centralise les demandes et oriente le requérant vers une personne ressource de l'espace éthique ou soumet le cas éthique au comité de pilotage de l'espace éthique qui a décidé de se réunir tous les mardis.
Questions sur l'information aux familles
« Les premières questions ont porté sur la communication avec la famille, dans le cas d'un décès, quand les proches ne peuvent venir voir le patient ce qui peut rendre difficile le travail de deuil », explique au « Quotidien » Pierre Le Coz. Autre problématique remontée à la cellule : la question de l'euthanasie. « Que faire si un patient à domicile, dans un état critique, se voit refuser une hospitalisation ? Comment éviter une agonie douloureuse ? », poursuit-il.
Pour l'instant, aucune sollicitation n'a porté sur la priorisation des malades. « Nos hôpitaux ne sont pas encore autant surchargés que ceux du Grand Est. On est dans l'anticipation de ce qui pourrait arriver dans les prochaines semaines, en réanimation, aux urgences, dans les services de soins palliatifs », dit Pierre Le Coz. « Mais nous devrions aussi nous interroger sur le degré de transparence qu'on doit aux gens ou sur le choix des mots qui ne sont pas anodins, comme ceux de "triage" ou de "vague" ».
Pas un SOS éthique, mais un regard extérieur
« Nous ne sommes pas un SOS éthique : nous ne sommes pas là pour donner des règles ni prendre la décision à la place des médecins qui seuls, ont connaissance du contexte », précise le responsable.
« Nous sommes plutôt un lieu de formalisation des questionnements ; un regard extérieur bienveillant par rapport à l'équipe médicale, au patient, à la famille, qui permet de faire miroir, d'expliciter un dilemme, en l'éclairant si besoin par les principes généraux », considère Pierre Le Coz.
La cellule peut aussi mettre à disposition des soignants les résultats de leur veille scientifique ou encore des témoignages de médecin. « Nous devons trouver les mots face au retentissement que cette situation risque d'avoir pour les soignants », conclut-il.
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