« Trop de maisons de santé sont vides, constate Maud Clérice, fondatrice de la start-up MyKlinica. Notre solution vise à rentabiliser les espaces vacants et permettre aux professionnels du soin de s’installer facilement. » Créée en 2021, la plateforme met en contact maires, chefs d’entreprise ou particuliers proposant des locaux à louer avec des professionnels de la santé et du bien-être qui cherchent de tels espaces.
Le concept est le fruit d’un parcours de vie. « Je suis née malade, confie Maud Clérice. Sans le généraliste qui venait chez moi en pleine nuit, je ne serais pas là. » À 28 ans, une nouvelle maladie lui impose cinq opérations et trois années de souffrance et d’incertitude. « J’ai compris alors que les soins de support ou de confort avaient une importance égale à ceux des médecins, poursuit-elle. Aujourd’hui, c’est ma mère qui est malade et n’arrive pas à trouver de généraliste. Je ressens cela comme une injustice ».
Aussi, après 15 ans passés dans des directions commerciales (immobilier, industrie, hôtellerie), Maud Clérice change de vie. Elle fait un tour du monde pour découvrir les systèmes de santé. Rentrée en France, elle profite du confinement pour réaliser 500 entretiens avec des soignants afin de « comprendre leur job, leurs galères ».
« Médecins volants »
Premier constat : nombre de blouses blanches manquent d'espaces professionnels pour exercer, d’où son idée de start-up. « C’est une façon de lutter contre les déserts médicaux, souligne Maud Clérice. Certes, je ne vais pas faire apparaître des médecins en claquant des doigts, mais aider les autres professionnels à s’installer favorise une médecine préventive et crée du lien entre soignants. Nous pouvons proposer des espaces partagés pour des "médecins volants" exerçant, par exemple, deux jours en ville et deux jours en zone sous-dotée avec l’assurance d’un carnet de rendez-vous plein. » La jeune pousse se veut une solution favorisant la mobilité, la flexibilité et les nouvelles formes d’exercice souhaitées par les jeunes médecins.
La plateforme est hébergée à Bordeaux et bénéficie des conseils d’un comité stratégique composé de soignants et d'élus. Pour l’heure, elle recherche des financements pour embaucher, communiquer, monter des partenariats avec des centres de formation et bâtir son modèle économique « qui comme le géant Airbnb, devrait être basé sur une commission d’intermédiation », précise Maud Clérice, qui espère intéresser 1 % des professionnels de santé français à l'horizon 2023. Les premiers retours sont encourageants : la plateforme est utilisée dans plusieurs régions et a reçu des demandes venant de Belgique, d'Espagne ou de Suisse. En attendant sa montée en puissance, elle est gratuite.
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