Terres d’Afrique
PUISQUE l’actualité est à l’Afrique du Sud, signalons le troisième opus de « la Saga des quatre rivières » écrite par Jean-Georges Aguer. Après « Little Bighorn » et « Buffalo », voici « Orange » (1), la suite des aventures de Lorcan Iarlaith O’Neill. On le retrouve, rescapé de la guerre anglo-zouloue, dans une famille Boer. Pendant ce repos forcé et dans une période de paix, il apprend à connaître et à aimer la vie pastorale. Il découvre l’amour. Ce sera une période de félicité de courte durée car bientôt les grandes ambitions coloniales britanniques vont balayer l’existence des O’Neill. Pour survivre, Lorcan devra se montrer plus impitoyable que ses bourreaux.
Katherine Scholes (« la Reine des pluies ») est née en Tanzanie et vit désormais en Tasmanie. L’héroïne des « Amants de la terre sauvage » (2) suit le parcours inverse, puisqu’à 24 ans, elle quitte sa famille d’agriculteurs en Tasmanie, pour épouser John, chasseur professionnel et propriétaire d’un lodge en Tanzanie. Trois ans plus tard, la passion a laissé place à la désillusion quand débarque, en l’absence de John, une équipe de cinéma. Avec un acteur principal très séduisant. Un portrait de femme comme on aime et une fable écologique, ode à la vie sauvage.
Médecin réputé aux Etats-Unis – il est professeur à l’université de Stanford en Californie –, l’Indien Abraham Verghese est né et a grandi en Éthiopie. En 1995, il a consacré son premier livre, « My Own Country : A Doctor’s Story », à l’impact de l’épidémie du sida sur une petite ville du Tennessee. « La Porte des larmes » (3) est son premier roman, qui a pour héros des jumeaux, Marion et Shiva, abandonnés à eux-mêmes par la mort en couches de leur mère, une infirmière indienne, et la disparition de leur père, un chirurgien britannique en poste à Addis Abeba. Plus tard, alors que la révolution couve en Éthiopie, c’est cependant l’amour et non la politique qui forcera Marion, tout juste diplômé de médecine, à s’exiler en Amérique. Des aventures de trahison et de rédemption qui se déploient sur cinq décennies.
(1) Le Cherche Midi éditeur, 339 p., 17 euros.
(2) Belfond, 331 p., 20,50 euros.
(3) Flammarion, 512 p., 21,90 euros.
Terres d’Amérique
PLACÉE, avec son premier roman, « Mississippi » (1), dans les découvertes littéraires les plus prometteuses de l’année aux États-Unis, Hillary Jordan a réussi une subtile composition à six voix qui se situe dans les années 1940. Une jeune femme, mère de deux fillettes, qui ne partage pas l’amour de son mari pour la terre, le retour de la guerre du jeune frère de celui-ci, aussi charmant que son aîné est renfermé, et du fils des métayers noirs, qui croit revenir à la ferme en héros, le beau-père haineux, fier membre du Ku Klux Klan : le roman entremêle sentiments passionnés, amitiés dangereuses et liens inextricables qui précipitent les personnages dans la violence et le drame.
Le thème de « L’histoire très ordinaire de Rachel Dupree » (2) – également un premier roman, qui a été finaliste de l’Orange Prize 2009 – est proche. À travers l’histoire d’un couple qui, en 1903, compte parmi les premiers fermiers noirs des Badlands, Ann Weisgarberrrr éclaire des épisodes peu traités de l’histoire de l’Ouest américain : la conquête des Badlands hostiles, l’histoire des soldats « Buffalos », divisions constituées uniquement de soldats noirs, la loi de l’Homestead Act, promulguée par Lincoln, garantissant 80 hectares à tout homme ou femme, quelle que soit sa couleur. Pour les Dupree, quatorze ans plus tard, alors que Rachel est enceinte pour la cinquième fois et que son mari s’obstine à vaincre une terre hostile et la sécheresse, le constat est amer.
« Animaux fragiles » (3) de Tawni O’Dell, nous entraîne de la grisaille d’une petite ville minière de Pennsylvanie et de ses matchs de base-ball à la lumière des arènes espagnoles galvanisées par les corridas, dans les années 1950. À travers le destin de deux frères adolescents abandonnés par leur mère et qui, à la mort de leur père, emménagent chez une très vieille femme misanthrope et caustique, qui vit recluse dans le souvenir d’un amour de jeunesse.
(1) Belfond, 365 p., 19 euros.
(2) Belfond, 318 p., 20,50 euros.
(3) Belfond, 494 p., 21,50 euros.
Terres d’Asie
ÉCRIVAIN indien au succès international (auteur de « Compartiment pour dames »), Anita Nair offre, avec « Quand viennent les cyclones » (1), un récit de la rédemption, du pardon et des deuxièmes chances qui se situe dans l’Inde moderne. Le jour où son mari, et garant de son statut social, la quitte brutalement, Mîra, 40 ans, doit, seule, assurer la survie matérielle de ses enfants, de sa mère et de sa grand-mère. Sa route rencontre une autre âme meurtrie, un spécialiste des cyclones, qui doit veiller sur sa fille âgée de 19 ans, tombée dans le coma à la suite d’une agression dans des circonstances non élucidées et qu’entoure un mur de silence et de peur.
Révélée au grand public par « la Joueuse de Go », la plus française des romancières chinoises, Shan Sa, donne, avec « la Cithare nue » (2), une épopée flamboyante et une grande histoire d’amour dans la Chine médiévale. Le récit commence au Ve siècle, lorsqu’une jeune fille de la haute aristocratie, qui s’adonne à l’art raffiné de la cithare, est enlevée par un chef de guerre. Enceinte, elle accouche dans le chaos des batailles. Deux siècles plus tard, un jeune luthier profane une tombe dans un monastère en ruine et s’empare du bois du sarcophage pour fabriquer une cithare. L’instrument réveille le fantôme d’une impératrice assassinée.
Alan Spence est un romancier, poète – il est considéré comme le maître écossais du haïku – et dramaturge souvent récompensé dans son pays. Dans « le Monde flottant » (3) il raconte les aventures extraordinaires de Tom Glover, qui, à vingt ans, a quitté Aberdeen pour Nagasaki. Audacieux et avisé, il se lance dans le commerce de la soie, du riz, des armes, de l’opium, des navires, fonde une manufacture de thé, ouvre une mine de charbon, bref, connaît une réussite industrielle et financière époustouflante. Rebaptisé Guraban-san, il sera l’un des moteurs de la révolution dans ce Japon sur le point d’être propulsé du système féodal à la modernité.
(1) Albin Michel, 391 p., 21,50 euros.
(2) Albin Michel, 326 p., 20 euros.
(3) Éditions Héloïse d’Ormesson, 534 p., 23 euros.
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