Comment la commission de qualification travaille-t-elle ?
Pr Jean-François Gehanno. : Notre commission se réunit quatre à cinq fois par an. Elle est constituée de deux professeurs de médecine du travail et de deux ou trois médecins du travail en exercice, dont certains représentent leur syndicat. Nous statuons sur des dossiers standardisés remplis par les candidats. Nous sommes confrontés à plusieurs cas de figure. Le type de situation le plus simple est celui des confrères ayant fait une formation diplômante, comme le DIU de santé au travail en quatre ans. Dans ce cas, ils obtiennent leur qualification de manière quasi automatique. Certains collègues ont suivi d’autres formations, comme celle de l’Institut de médecine agricole à Tours. Avant de statuer, il nous faut alors regarder plus avant l’intérêt du candidat pour le domaine, son mode d’exercice, son ancienneté dans la discipline, etc. Enfin, il y a les collègues qui exercent depuis longtemps la médecine du travail, avec le CES, car leur diplôme est antérieur aux dernières réformes.
Les généralistes constituent-ils une part importante des candidats, et quelles sont leurs motivations ?
Pr J.- F. G. : Les généralistes représentent la grande majorité des dossiers. Nous n’avons pas forcément d’information sur leurs motivations, mais d’après mon expérience, ce sont des gens qui estiment avoir fait un peu le tour de leur spécialité, ou qui en termes de charge de travail ont une préférence pour un exercice salarié. Même si en médecine du travail aussi, on peut avoir des journées de 10 ou 12 heures ! Il y a aussi une question d’âge : certains considèrent la médecine du travail comme une discipline de la maturité. Après avoir fait beaucoup de soins, nombre de collègues réalisent l’importance de la prévention, et désirent s’orienter vers la santé au travail.
On parle souvent de la lassitude au travail comme une cause du burn-out. Pensez-vous que les reconversions contribuent à alléger la souffrance au travail de certains généralistes ?
Pr J.- F. G. : Oui, de nombreuses études ont montré que si la charge de travail fait partie des déterminants de l’épuisement, la satisfaction professionnelle et le sentiment de faire un travail de bonne qualité sont des facteurs peut-être encore plus importants. Changer de discipline peut en effet être une façon de générer un nouvel intérêt pour son travail, et donc contribuer à prévenir le syndrome d’épuisement professionnel.
* Professeur de médecine de travail au CHU de Rouen, Jean-François Gehanno est aussi le président de la commission de qualification qui statue sur les demandes des médecins cherchant à se reconvertir dans la médecine du travail.
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