À la Réunion, c’est la troisième année que la Karavan Odhir parcourt inlassablement l’île. Odhir ? Cela veut dire « obésité, diabète, hypertension, insuffisance rénale », a expliqué Marie-Rose Won Fah Hin, directrice de l'association pour l'utilisation du rein artificiel à La Réunion (Aurar), lors d’un séminaire organisé par l’Université du changement en médecine. Ce dispositif mobile de dépistage des maladies chroniques a été mis en place fin 2022 pour faciliter une prise en charge précoce des patients grâce à des actions de sensibilisation et de dépistage. Doté de nombreux équipements – rétinographe, outil de mesure de la pression systolique de l’orteil, lecteur de bandelettes urinaires, analyseur de glycémie, balance impédancemètre, tensiomètre, etc. –, le fourgon sanitaire entend mener des actions de prévention primaires et tertiaires.
Sans surprise, la Karavan est très sollicitée : par les mairies, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), les institutions médico-sociales et même les entreprises. « Nous répondons aux demandes de ces différents acteurs. La première année, nous nous sommes rendus gratuitement dans les communes avant de demander, l’année suivante, que notre intervention soit inscrite et financée dans le cadre des contrats locaux de santé », a expliqué la directrice. Fait marquant de cette troisième année d’existence, le besoin « fort » d’éducation nutritionnelle dans les collèges et lycées exprimé par l’Éducation nationale. D’où la demande récemment adressée par Marie-Rose Won Fah Hin au ministère de la Santé « afin de modéliser le dispositif. Nous avons reçu 60 000 euros de l’ARS et 15 000 euros de la région. Or le coût de la Karavan est de 150 000 euros. Sans les fonds propres de l’association, nous n’aurions rien pu faire ».
Trois dépistages en un coup
À 9 000 kilomètres de là, dans la ville francilienne de Boulogne-Billancourt (Haut-de-Seine), Pierre Dagen, président du cabinet de conseil en santé Norska et le Dr Jonathan Brami, radiologue et président de la CPTS de la ville, ont mené tambours battants le projet 3D-Pistages. Dans cette ville, si le taux de dépistage du cancer du sein est qualifié de « très bon », il n’en est pas de même pour les cancers du col de l’utérus et du côlon. « Dans ces deux derniers cas, les examens sont plus invasifs, moins confortables. D’où la volonté de la CPTS de capitaliser sur la popularité du cancer du sein et de proposer les trois dépistages avec une unité de lieu, de temps et de compétences », a souligné Pierre Dagen.
Un cabinet de radiologie, proche d’une HLM située dans un quartier où les taux de dépistage étaient les plus bas, a donc proposé en juillet 2024 la réalisation des trois dépistages en une seule journée. « Les tables ont été adaptées et équipées d’étriers pour proposer un frottis aux femmes qui attendaient les résultats de leur mammographie. Parallèlement, le centre régional de coordination des dépistages des cancers d'Île-de-France a distribué des kits de dépistage du cancer du côlon et la Ligue contre le cancer était également présente pour enseigner l’autopalpation des seins », poursuit Pierre Dagen.
La seule source de dépenses a été la compensation financière, par la CPTS, des actes non réalisés ce jour-là par le cabinet de radiologie. Le bilan chiffré est quant à lui positif avec 44 kits de dépistage du cancer colorectal distribués, 29 mammographies et 40 frottis réalisés. L’action qui cumule trois atouts majeurs – des moyens financiers « raisonnables », un impact mesurable et des résultats prometteurs – a déjà été reproduite par quatre CPTS voisines.
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