Trois députés* membres du groupe d’étude « Alzheimer et maladies neurodégénératives » de l’Assemblée nationale en partenariat avec l’association France Alzheimer ont organisé, le 23 septembre 2025, un colloque, qui a abordé la question de la prévention.
La prévention primaire de la maladie est un enjeu stratégique majeur, notamment au regard de l’arrivée de nouveaux traitements, a déclaré le Dr Alain Bérard, directeur adjoint de la fondation Médéric Alzheimer. Mais les traitements pour l’instant ne sont toutefois pas disponibles en France, la Haute Autorité de santé (HAS) ayant refusé l’accès précoce au Leqembi (lécanémab) dans l’attente de l’évaluation du remboursement dans le droit commun et ne s’étant pas encore prononcé sur le sort du Kinsula (donanémab), tout juste autorisé en Europe depuis le 25 septembre.
Il reste que la prévention primaire est placée au centre des intérêts nationaux comme en témoigne la nouvelle stratégie nationale 2025-2030 « Maladies neurodégénératives » qui fait du repérage précoce l’un de ses axes d’action. Le Dr Bérard a évoqué à ce titre le lancement prochain d’une expérimentation à Montpellier inspirée de l’étude finlandaise Finger qui avait montré le bénéfice d’interventions multiples sur le mode de vie (lire l’encadré). « Nous connaissons aujourd’hui 14 facteurs de risque auxquels 45 % des cas de troubles cognitifs comme Alzheimer sont liés et sur lesquels la prévention pourrait jouer un rôle », a précisé le Dr Bérard.
Parmi les actions bénéfiques, le directeur adjoint a pointé l’adoption d’un régime de type méditerranéen, la stimulation cognitive et les interactions sociales, la prévention cardiovasculaire, mais également la mise en place d’une activité physique adaptée (APA) pour les personnes âgées. Sachant que sont considérés comme facteurs de risque : la perte de l’audition, l’hypertension artérielle, l’inactivité physique, un antécédent de traumatisme crânien, une consommation excessive d’alcool, le tabagisme, l’obésité, l’isolement social, le diabète, la dépression, un faible niveau d’éducation, la pollution de l’air, un cholestérol élevé et la perte de la vision.
De la difficulté d’accès aux interventions non médicamenteuses
Cependant, plusieurs représentants de délégations départementales associatives ont déploré la difficulté de structurer l’accès aux interventions non médicamenteuses (INM), et particulièrement à l’APA, ainsi que l’existence d’inégalités sociales. « L’organisation territoriale est inégale et il existe des disparités d’accès et de remboursement de l’APA, témoigne à son tour Benoît Durand, directeur délégué France Alzheimer et maladies apparentées. C’est un frein à la prévention ». Et de souligner que la formation des professionnels de santé à la prescription d’INM est cruciale pour imaginer les stratégies de demain. Un sujet appuyé par le Dr Jean-François Rousset, co-organisateur du colloque et co-président du groupe de travail « Alzheimer et maladies neurodégénératives » : « la France présente des retards par rapport à d’autres pays comme le Canada sur la formation, la prévention et l’information ».
C’est d’autant plus important que les INM jouent un rôle d’importance dans les préventions secondaire et tertiaire. « Et l’aidant doit également être au cœur de cette prévention », renchérissent les représentants départementaux. Qu’il s’agisse des patients et/ou de leurs aidants, « de nombreuses INM peuvent être proposées », témoignent-ils.
* Véronique Riotton (Ensemble pour la République), également présidente de la délégation droits des femmes, Dr Jean-François Rousset (Ensemble pour la République), co-président du groupe de travail et Fabrice Brun (Droite républicaine), co-président du groupe de travail
Une stratégie Finger à la Française
Selon l’étude finlandaise Finger, coordonnée par le Pr Miia Kivipelto, un programme construit autour de cinq domaines interventionnels pendant deux ans diminue le risque de développer un trouble cognitif majeur. Depuis ces résultats, d’autres travaux ont été menés comme l’étude MAPT du Pr Bruno Vellas (Toulouse), dont les résultats sont similaires à ceux de Finger. La fondation Médéric Alzheimer lance une expérimentation inspirée de Finger à Montpellier avec 110 volontaires dans l’objectif de préciser comment implémenter cette prévention primaire sur le territoire.
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