C’est dans l’objectif de réduire le nombre de passages aux urgences évitables que le projet Assure (Amélioration des soins d’urgence en Ehpad) est lancé depuis 2018 dans la région Hauts-de-France, à l’initiative de professionnels de santé issus du Groupe Hospitalier Loos Haubourdin, des CHU de Lille et d’Amiens et de l’agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France. La démarche a fait l’objet d’une présentation lors de l’édition 2025 de SantExpo (Paris).
Ce programme vise à accompagner les professionnels des Ehpad dans la gestion des urgences dites relatives, c’est-à-dire les gestes pouvant être prodigués par les acteurs de terrain. Ses initiateurs espèrent ainsi transmettre la compétence « du juste soin, au bon moment, par la bonne personne dans le bon lieu » et réduire le recours aux structures d’urgences hospitalières.
Initialement déployé dans les Hauts-de-France pour une durée de deux ans, Assure perdure et couvre aujourd’hui l’ensemble des Ehpad de la région mais aussi au-delà, comme l’Île-de-France. Sur le groupement hospitalier de territoire (GHT) Littoral Sud Somme, 75 % des passages aux urgences ont été évités grâce à cette démarche couplée à une astreinte infirmière pour les Ehpad régulée par le Samu/SAS.
Assure est soutenu dans le cadre de l’appel à projets « Vers un hôpital Alzheimer Friendly » financé par la fondation Médéric Alzheimer, mais aussi par la Fédération hospitalière de France (FHF) et la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés solidaires (Fehap).
Des fiches pour gérer les urgences en Ehpad
« L’idée a germé il y a plus de 20 ans face à l’afflux quotidien aux urgences de nombreux résidents d’Ehpad », raconte le Pr Éric Wiel, chef de pôle adjoint et chef de service des urgences adultes au CHU de Lille à l’origine du projet. « Des enquêtes réalisées sur le terrain ont montré qu’environ 30 % des hospitalisations au sein des services d’urgences de résidents d’Ehpad sont évitables », rapporte l’urgentiste. « Et au sein des Ehpad, seuls 22 % des personnels confient savoir comment réagir face à une urgence, ils ont ainsi tendance à contacter directement le centre 15 », poursuit-il.
Mais au-delà de l’engorgement des urgences, ces passages ont des conséquences délétères sur les personnes âgées. « Plus la personne est dépendante, plus l’attente aux urgences est longue, car il y a la nécessité de faire plus d’examens et de bénéficier de l’expertise des gériatres. Au global, les personnes âgées y passent plus de 6 heures », témoigne le Pr Éric Wiel.
Le projet prévoit tout d’abord de sensibiliser les professionnels des Ehpad sur un mode « train the trainer », soit une sensibilisation en cascade par des binômes urgentistes/gériatres vers des trinômes d’acteurs en Ehpad direction/médecin coordonnateur/cadre de santé ou infirmier coordonnateur, puis du trinôme vers les personnels des établissements.
Assure fournit ensuite aux professionnels des Ehpad un kit contenant un rappel des supports existants (fiche SAED [Situation-antécédents-évaluation-demande], fiche de liaison, directives anticipées, etc.), 19 fiches « Conduites à tenir » – par exemple sur les détresses respiratoires, les chutes, la gestion d’une urgence ou encore le suicide – ou encore des jeux de mise en situation.
Ces outils permettent à la fois d’autonomiser les Ehpad, mais aussi d’améliorer la liaison entre les professionnels de santé (ville/Ehpad/domicile/hôpital). Assure cherche encore à renforcer les coopérations entre les acteurs sanitaires et médico-sociaux.
Une démarche Alzheimer Friendly
D’autres bénéfices en ressortent. « La gestion de ces urgences relatives laisse du temps et des lits aux urgences vitales, l’occasion de soigner mieux, commente Christine Tabuenca, directrice générale de la fondation Médéric Alzheimer. C’est une démarche Alzheimer Friendly que d’améliorer l’accueil, la prise en soin et le parcours ». Ainsi, le soutien apporté par l’appel à projets « Vers un hôpital Alzheimer Friendly » illustre la volonté de donner une dimension « hors les murs » à leur initiative.
« Pour ce nouvel appel à projets*, nous comptons multiplier par 8 le montant de notre enveloppe habituelle – 50 000 euros – et l’élargir à la ville, l’hôpital, les Ehpad ainsi que l’hospitalisation à domicile. Le parcours de soins et de vie d’une personne vivant avec la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée doit être repensé pour réduire et limiter les passages aux urgences et les séjours hospitaliers évitables », conclut la directrice.
*Ce nouvel appel à projets sera clôturé le 30 septembre 2025 et un webinaire d’information aura lieu le 4 juin. Les informations sont consultables sur le site de la fondation.
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