Le risque d'encéphalite à tiques, une pathologie rare mais souvent grave, pourrait augmenter en France, a prévenu ce mardi 8 juillet l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), soulignant la découverte d’une voie de transmission jusque-là non rapportée, la consommation de lait cru issu d’animaux mordus par des tiques porteuses du virus.
« Plusieurs éléments font craindre une augmentation du risque de transmission du virus de l'encéphalite à tiques en France », a indiqué l'Anses à l'occasion de la publication d’une expertise sur le sujet. L'encéphalite à tiques ne frappe qu'une trentaine de patients par an sur le territoire. Mais ses séquelles sont souvent très lourdes. « Parmi les personnes symptomatiques, 20 à 40 % présentent des signes neurologiques de type méningite, qui peuvent entraîner des séquelles à long terme et une perte d'autonomie », a souligné Elsa Quillery, l'une des autrices de l'expertise, citée dans le communiqué. La maladie a un impact économique « non négligeable », que l’Anses chiffre à 3 millions d’euros par an en France.
Le lait cru de chèvre semble plus à risque
Les inquiétudes de l'Anses portent notamment sur l'identification récente d'un mode jusqu'alors inconnu de transmission en France : la consommation de lait cru d'animaux préalablement infectés (et non une piqûre directe de tique).
Un premier foyer d’infections a été identifié en 2020 en Auvergne-Rhône-Alpes : plusieurs personnes avaient développé une encéphalite après avoir consommé des fromages au lait cru de chèvre et de vache d'une exploitation du bassin d'Oyonnax dans l’Ain, un département où la circulation du virus n’était pas connue. « Le lait cru et les produits laitiers à base de lait cru de chèvre semblent présenter plus de risque de transmission que les produits laitiers issus d’autres animaux », avance l'Anses.
Autre sujet de préoccupation, « le virus étend sa zone de circulation, avec des cas signalés en dehors de l’Alsace, région historiquement concernée », poursuit-elle. Le nombre de cas est en augmentation dans plusieurs pays d’Europe, dont la France. Les éleveurs et les forestiers ont 13 fois plus de risque d’être infectés que la population générale.
Face à ces risques, l'agence émet plusieurs recommandations : d'abord accentuer la surveillance de la circulation du virus, en particulier chez les animaux sentinelles domestiques et sauvages (chèvres, vaches, chevreuils) de manière à prévenir assez tôt sa transmission à l'homme.
Elle suggère de limiter l'exposition des chèvres avec les zones les plus favorables à la présence de tiques (zones boisées ou haies), via l'installation de clôtures ou par la rotation des pâtures. La pasteurisation du lait est une option « dans les situations d’urgence », par exemple survenue de cas humains dus à une transmission alimentaire ou détection du virus dans le lait. Enfin, elle rappelle les précautions à prendre pour éviter les piqûres chez l'humain, notamment le port de vêtements longs dans les zones à risque comme les forêts.
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