« La lumière, une révolution en marche pour soigner de multiples pathologies ». Le ton est donné pour la feuille de route 2025-2030 du fonds de dotation Clinatec. Ont ainsi été présentés en conférence de presse cinq nouveaux programmes de recherche qui seront lancés dès janvier 2025 et doivent déboucher sur des essais cliniques.
Tous se fondent sur la lumière comme outil thérapeutique, avec la photobiomodulation qui utilise la lumière proche infrarouge, l’une des grandes thématiques de recherche du centre. Quatre des cinq programmes concernent des pathologies – la maladie de Parkinson, les maladies cardiovasculaires, les troubles psychiatriques et le vieillissement cérébral – et le dernier vise à définir la meilleure posologie de lumière comme médicament.
Co-fondé en 2007 par le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives), le CHU Grenoble Alpes et l’Université Grenoble Alpes, le centre de recherche Clinatec s’affaire à une médecine translationnelle et pluridisciplinaire, « de la recherche disruptive » comme la décrit Laurent Hérault, son directeur. Le fonds de dotation Clinatec, quant à lui, a été fondé en 2014 afin de soutenir la recherche du centre.
Si la physique est au cœur de son domaine d’expertise, le centre s’appuie aussi sur les technologies et leur transfert, ainsi que sur l’intelligence artificielle pour une médecine de pointe. Il présente l’avantage de réunir en un seul lieu la recherche et la clinique, puisqu’il dispose d’un service d’hospitalisation de jour, d’un bloc opératoire et d’équipements d’imagerie médicale. « Nous avons pour nous les technologies innovantes et nous souhaitons accélérer leur transfert vers les patients », explique le directeur du fonds. « La proximité entre les chercheurs et les patients met ces derniers au cœur de la recherche, ce sont eux qui aiguillent les scientifiques sur leurs besoins », complète Sophie Cluzel, présidente pro bono de Clinatec. Le centre de recherche est reconnu pour les travaux menés sur les interfaces cerveau-machine et les implants Wimagine qui permettent aujourd’hui de redonner de la mobilité à des patients paralysés.
La maladie de Parkinson sous les feux des projecteurs
Le centre s’intéresse aux maladies d’Alzheimer et à corps de Lewy (projet Covea Neurotec, Pr Mitrofanis), aux troubles du sommeil (projet Somnibrain) ou encore aux traumatismes crâniens, mais Clinatec a une affinité toute particulière pour la maladie de Parkinson avec l’implication du Pr Alim-Louis Benabid, cofondateur de Clinatec et inventeur avec le Pr Pierre Pollak de la stimulation cérébrale profonde pour le traitement de la maladie de Parkinson. C’est de sa rencontre avec Jean Therme, alors directeur du CEA, que naît Clinatec dans l’idée que « technologie et médecine peuvent faire avancer la recherche sur des pathologies majeures ». Depuis lors, la stimulation cérébrale profonde est devenue un objet de recherche central du centre.
Des travaux sur la photobiomodulation intracrânienne menés par le Pr Stephan Chabardès ont récemment fourni des preuves de concept de son efficacité pour ralentir, voire réduire les symptômes de la maladie, mais d’autres seront lancés en 2025 avec un nouvel axe d’attaque. « Nous pensons possible de prévenir la maladie de Parkinson, ou tout du moins de ralentir son apparition, via l’intestin », explique le Pr Pierre Magistretti, conseiller scientifique de Clinatec. « Des études retrouvent des altérations du microbiome intestinal dans les phases précoces de la maladie. De plus il est connu que des molécules produites par le microbiome peuvent atteindre le cerveau et plus précisément la substantia nigra, une région de production de la dopamine. Avec la photobiomodulation, nous pourrions agir sur la composition du microbiome », détaille-t-il. « Ces recherches changent profondément l’approche des maladies cérébrales pour lesquelles la chimie et la biologie ont peu apporté ces dernières années », déclare le Pr Magistretti. Ce dernier salue également l’arrivée en 2021 de John Mitrofanis à Clinatec, chercheur expert des maladies neurodégénératives et de la lumière infrarouge.
Éclairer la « pénombre ischémique »
La feuille de route 2025-2030 s’intéresse aussi aux maladies cardiovasculaires avec un projet explorant la photobiomodulation transthoracique et transcrânienne pour prévenir les dommages irréversibles consécutifs à un infarctus du myocarde (IDM) ou à un accident vasculaire cérébral (AVC). « Après un IDM ou un AVC, les cellules en souffrance, en perte d’énergie, se trouvent dans une zone de pénombre ischémique. À ce moment-là, elles peuvent basculer vers la sénescence ou la survie. L’idée est d’utiliser la photobiomodulation pour redonner de l’énergie aux cellules en pénombre pour maintenir leur intégrité et ainsi provoquer la survie cellulaire », expose le Pr Magistretti.
Les trois derniers projets de Clinatec portent sur les troubles psychiatriques, le vieillissement cérébral et la dose idéale de lumière. La photobiomodulation pourrait permettre de rétablir le métabolisme cérébral qui dysfonctionne, par exemple dans le trouble bipolaire. « Cela s’appuie sur le domaine émergent qu’est la psychiatrie métabolique », ajoute le conseiller scientifique. Dans le vieillissement cérébral, la photobiomodulation transcrânienne pourrait augmenter l’intégrité cellulaire et la résilience cérébrale. Enfin, le centre souhaite se pencher sur la posologie de lumière nécessaire pour soigner les patients. « C’est une question qui n’a pas été explorée, nous souhaitons que les médecins puissent utiliser des technologies qui délivrent directement la bonne dose à la bonne durée et à la bonne puissance », conclut Laurent Hérault.
Comment la lumière agit sur les cellules ?
C’est sur les mitochondries qu’agit la lumière. Une lumière proche infrarouge est ainsi capable de les stimuler afin d’accroître la production d’énergie via l’ATP. De plus, la lumière est protectrice contre l’émission des radicaux libres, habituellement libérés lors de la production d’énergie, et elle module l’expression de gènes protecteurs ou inhibiteurs.
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