Comment les facteurs de risque cardiovasculaire et l’obésité sont-ils associés à l’augmentation du risque de développer une démence selon le sexe ? Des Britanniques montrent, dans une étude observationnelle, que l’association est plus forte chez l’homme que chez la femme, mais aussi qu’elle intervenait plus précocement et plus longuement chez les hommes.
En présence de facteurs de risque cardiovasculaire (hypertension artérielle, obésité, diabète de type 2, tabagisme), les auteurs rapportent des signes de neurodégénérescence entre 55 et 74 ans chez l’homme et entre 65 et 74 ans chez la femme et, ce, que les individus soient de statut APOE ε4 ou non APOE ε4. La neurodégénérescence se manifeste par une perte graduelle du volume cérébral et de matière grise, notamment dans le lobe temporal, avec de possibles déclins cognitifs sur des fonctions telles que l’audition, la perception visuelle, les procédés émotionnels et de mémorisation. Ces résultats sont publiés dans Journal of Neurology Neurosurgery & Psychiatry.
Face à ces résultats, et citant les études ayant déjà présenté les facteurs de risque cardiovasculaire comme associés à un surrisque de développer une démence, les auteurs appellent à « cibler fortement les facteurs de risque cardiovasculaire avant l’âge de 55 ans pour prévenir la neurodégénérescence et la maladie d’Alzheimer, en plus du bénéfice de prévenir les pathologies comme l’infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux ».
Moins de vulnérabilité avant 55 ans et après 75 ans
L’étude a inclus 34 425 participants de la UK Biobank âgés en moyenne de 63,6 ans (46,1 % d’hommes), dont le risque de maladie cardiovasculaire avait été évalué grâce au score de Framingham et qui avaient passé des scanners abdominaux et cérébraux. Les auteurs observent que la présence de facteurs de risque cardiovasculaire et d’obésité prédispose à une perte de volume cortical sur plusieurs années.
À l’imagerie, il ressort que chez l’homme, avant 55 ans, seuls 2 % du volume de matière grise sont affectés par la présence de facteurs de risque, tandis qu’entre 55 et 75 ans, c’est 67 % du volume de matière grise qui en subissent les effets. Chez la femme, c’est entre 65 et 74 ans que la dégradation est la plus forte avec 43 % de la matière grise atteinte (27 % entre 55 et 64 ans et 8 % entre 45 et 54 ans). Ainsi, chez l’homme et chez la femme, la vulnérabilité est moindre avant 55 ans et après 75 ans. Les auteurs notent de plus que la seule présence de graisse abdominale et viscérale suffit à accroître la vulnérabilité des participants à l’atrophie corticale.
Repositionner des traitements de l’obésité et du diabète
Concernant les stratégies thérapeutiques possibles, les auteurs citent le repositionnement des médicaments utilisés pour l’obésité et le diabète de type 2 afin d’atténuer le risque cardiovasculaire. Des essais de phase 3 ont ainsi évalué l’intérêt du sémaglutide pour la prise en charge précoce de la maladie d’Alzheimer et d’autres pistes existent comme les anti-hypertenseurs, la metformine et l’insuline intranasale.
Certes l’atrophie de régions cérébrales fait partie de l’histoire naturelle de l’avancée en âge rendant donc difficile « la distinction entre l’effet du risque cardiovasculaire sur le processus de vieillissement et le risque de pathologies neurodégénératives spécifiques ». Mais il reste plausible que l’inflammation et la résistance à la leptine et à l’insuline soient des mécanismes en cause dans l’altération de l’anatomie cérébrale, font valoir les auteurs.
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