Les habitants de la ville la plus haute du monde, La Rinconada au Pérou (entre 5 100 et 5 300 m d’altitude), présentent une altération des fonctions micro- et macrovasculaires en raison des conditions hypoxiques auxquelles ils sont confrontés de manière chronique. C’est ce que montre une étude française menée par une équipe de recherche de l’Inserm, de l’université Grenoble Alpes et du CHU Grenoble Alpes dans le cadre du projet Expédition 5300 et publiée dans The Lancet Regional Health Americas.
Le projet Expédition 5300, supervisé par le directeur de recherche Inserm Samuel Vergès, vise à « comprendre les mécanismes d’adaptation à l’hypoxie d’altitude (comparable à une hypoxie chronique sévère) pour soigner les patients souffrant du manque d’oxygène à La Rinconada » et à « transposer ces résultats de recherche sur l’hypoxie d’altitude pour développer de nouveaux traitements adaptés à des pathologies caractérisées par des conditions d’oxygénation insuffisante », lit-on dans un communiqué de l’Inserm.
En altitude, des vaisseaux dilatés en permanence
Dans cette étude en particulier, les chercheurs ont étudié l’effet de l’hypoxie sévère sur le système vasculaire. Au total, 94 hommes ont été inclus : 18 habitants des plaines, 21 individus en bonne santé vivant en permanence à 3 800 m, 17 habitants en bonne santé de La Rinconada, 14 individus souffrant d'une forme légère de mal chronique des montagnes et 24 souffrant d'une forme modérée à sévère de mal chronique des montagnes.
À noter que le mal chronique des montagnes, caractérisé par une érythrocytose excessive (concentration élevée d'hémoglobine) et divers symptômes cliniques, touche 15 à 20 % des individus vivant en haute altitude.
Des tests ont été réalisés pour évaluer la réactivité des petits et des gros vaisseaux sanguins, c’est-à-dire leur capacité à changer de diamètre en réponse à des stimuli extérieurs. « La réactivité des vaisseaux sanguins est communément considérée comme un marqueur pronostique de bonne santé générale », est-il indiqué dans le communiqué.
Il ressort des analyses que plus l’altitude augmente, plus les fonctions micro- et macrovasculaires sont altérées du fait des conditions hypoxiques. Chez les individus vivant en haute altitude, « les artères et les vaisseaux étaient dilatés en permanence, diminuant ainsi leur capacité à se dilater de façon additionnelle en réponse à un stimulus », est-il expliqué.
Chez les individus souffrant de mal chronique des montagnes et vivant à 5 100 m, la fonction macrovasculaire était aggravée, tandis que la fonction microvasculaire n’était pas davantage altérée.
Un niveau d’inflammation plus élevé en altitude
De plus, les chercheurs ont constaté que les marqueurs de l’inflammation augmentaient avec l’altitude et étaient associés à un déclin progressif des fonctions micro- et macrovasculaires chez les habitants en bonne santé vivant en haute altitude. La sévérité du mal chronique des montagnes contribuait également à l’augmentation des marqueurs de l’inflammation.
Le stress oxydatif et les métabolites du monoxyde d’azote étaient également augmentés avec l'altitude, indépendamment de la sévérité du mal chronique des malades.
« Cette étude nous permet de décrire pour la première fois une cascade de mécanismes présents chez les personnes en situation d’hypoxie chronique, de la réponse inflammatoire à ses effets sur le système vasculaire », explique Julien Brugniaux, enseignant-chercheur à l’Université Grenoble Alpes, dans le communiqué de l’Inserm. « Ces résultats nous autorisent de façon plus large à mieux comprendre les réactions de notre organisme face au manque d’oxygène et notamment les effets de ces situations sur notre fonctionnement vasculaire. »
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