Depuis l’arrivée des analogues du GLP-1 (aGLP-1) dans l’arsenal thérapeutique du diabète de type 2 (DT2) et de l’obésité, d’autres effets thérapeutiques et protecteurs de cette classe de molécules sont régulièrement rapportés. Ainsi, si des études ont mis en évidence leurs propriétés cardio, neuro et néphroprotectrices, d’autres pointent leur efficacité potentielle dans les troubles de l’usage de l’alcool et du tabac, et des substances de manière plus générale. Ainsi, une lettre de recherche publiée dans le Jama Network Open a rapporté les résultats d’une étude de cohorte montrant une réduction de la consommation d’alcool chez des individus prenant des médicaments anti-obésité, et notamment des aGLP-1.
« Les aGLP-1, dont les récepteurs sont exprimés dans les régions du cerveau considérées comme impliquées dans la récompense et la dépendance, se sont révélés capables de réduire les symptômes des troubles de l’usage de substance et de dépendance dans des études précliniques », expliquent ainsi les auteurs d’une revue de littérature sur le sujet publiée dans Drug and Alcohol Dependence, concluant que les aGLP-1 pourraient être « une possible nouvelle option thérapeutique en addictologie ». Un mécanisme d’action est d’ailleurs pointé du doigt dans les études s’intéressant à la perte de poids permise par les aGLP-1.
Les médicaments anti-obésité entraîneraient une réduction de la consommation d’alcool
Les auteurs de la récente lettre de recherche montrent que les aGLP-1 seraient associés à une incidence plus faible des troubles de l’usage de l’alcool, à partir des données d’individus participant à un programme de contrôle du poids et ayant commencé un traitement par médicaments anti-obésité (MAO) (metformine, bupropion, naltrexone, aGLP-1 de première génération et de seconde). Dans cette cohorte (n = 14 053 individus), 86,2 % prenaient un aGLP-1 de deuxième génération (tirzépatide, sémaglutide) et plus de la moitié (53,3 %) déclaraient consommer de l’alcool.
Au cours du suivi, près d’un quart (24,2 %) des participants ont réduit leur consommation d’alcool et, ce, de façon plus marquée lorsque l’indice de masse corporelle était élevé et que la consommation était importante. Les auteurs pensent ainsi « qu’il pourrait y avoir des propriétés des MAO qui mènent à la réduction » de la consommation, ils évoquent « une diminution des cravings » pour la naltrexone et « une atténuation des effets de récompenses de l’alcool comme pour la nourriture » avec les aGLP-1. Pour les participants sous metformine, une réduction est observée aussi et les auteurs le relient au fait de participer à un programme de perte de poids.
Zoom sur les aGLP-1 et les troubles de l’usage de substances
Publiée un peu plus tôt mi-novembre dans Jama Psychiatry, une autre étude, suédoise, s’est intéressée aux aGLP-1 (liragultide, sémaglutide) dans les troubles de l’usage de l’alcool (TUA). L’objectif était de savoir si le risque d’hospitalisation pour TUA diminuait avec la prise d’aGLP-1 pour un même individu, par rapport aux périodes où il n’en prenait pas. Ont été inclus 227 866 individus avec TUA, dont 6 276 prenant des aGLP-1, avec un suivi médian de 8,8 ans. Au total, avec 58,5 % des patients hospitalisés pour TUA au total, les auteurs retrouvent un risque plus faible d’être admis en cas de prise de sémaglutide (HR = 0,64) ou de liraglutide (HR = 0,72). De plus, ce risque était aussi abaissé pour les troubles d’usage d’autres substances.
Dans le trouble de l’usage du tabac cette fois, un essai émulé publié cet été dans Annals of Internal Medicine montre que les patients DT2 sous sémaglutide, comparés à ceux traités par autres anti-diabétiques, avaient un risque significativement plus faible de trouble de l’usage du tabac, et à de plus faibles taux de prescription et de consultation pour sevrage tabagique. Ces résultats sont observés pour des patients avec ou sans obésité.
Enfin, une autre étude publiée dans Nature rapporte un bénéfice du sémaglutide dans le trouble de l’usage du cannabis, chez des patients en situation d’obésité ou diabétiques de type 2. Par ailleurs, quelques mois plus tard, la même équipe a publié dans Nature communications des données de vraie vie montrant un effet bénéfique du sémaglutide sur l’incidence et la récurrence des troubles de l’usage de l’alcool.
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