Les nouveau-nés extrêmement ou grands prématurés (nés entre 24 et 31 semaines de grossesse) ayant bénéficié de contacts peau à peau durant leurs sept premiers jours de vie, ont un meilleur score de développement cognitif à cinq ans. Ces résultats proviennent de l’étude de cohorte nationale française Epipage-2 (Étude épidémiologique sur les petits âges gestationnels), menée par l’Inserm depuis 2011.
Le peau à peau a déjà démontré ses bénéfices à court terme sur la stabilité physiologique du bébé et sur la construction des liens d’attachement pour les parents. Des études anciennes, reposant sur de petites cohortes, ont suggéré que le contact parent-enfant contribuerait également à protéger durablement le développement cérébral de l’enfant né prématuré mais les résultats n’étaient pas consolidés. La nouvelle étude, publiée dans le Lancet eClinicalMedicine*, confirme le phénomène neuroprotecteur à cinq ans sur une cohorte de plus de 2 500 enfants nés extrêmement ou grands prématurés en 2011, dont la moitié a reçu du peau à peau la première semaine post-naissance.
Un meilleur score FSIQ pour les enfants exposés dès la première semaine de vie
Chez les enfants exposés précocement au peau à peau, les scores FSIQ (Full Scale Intellectual Quotient) étaient plus élevés de 2,3 points en moyenne avec un odds ratio d’augmentation du score (OR) de 1,33. Ce test évalue de manière exhaustive les capacités cognitives d’une personne : compréhension verbale, raisonnement perceptuel, mémoire de travail et vitesse de traitement. « Cette différence de 2,3 points peut sembler minime à l’échelle de l’individu, mais n’est pas négligeable lorsqu’il s’agit d’une moyenne sur l’ensemble d’une population », explique le Dr Ayoub Mitha, premier auteur de l’étude et néonatalogiste au CHRU Bretonneau de Tours. Quelque 7 % des plus de 600 000 bébés qui naissent chaque année en France sont prématurés.
L’écart de points est plus significatif concernant le groupe des enfants nés grands prématurés (+ 2,9 points sur les scores de QI pour les enfants ayant bénéficié du peau à peau à la naissance), par rapport à ceux nés extrêmement prématurés. « Cela s’explique par le plus faible recours au peau à peau des enfants nés extrêmement prématurés en 2011, une tendance qui a depuis évolué, le peau à peau étant une pratique de plus en plus encouragée dans les services de néonatologie », précise le Dr Mitha. Dans l’étude, l’exposition au peau à peau augmentait en effet avec l’âge gestationnel des enfants, de 21,7 % des enfants nés à 24 semaines jusqu’à 78 % pour ceux nés à 31 semaines. Finalement, aucune association n’a été mise en évidence entre le peau à peau et la réduction du risque d’apparition de difficultés comportementales chez l’enfant (différence moyenne = – 0,3).
Une pratique à promouvoir et standardiser
« Ces résultats sont une preuve de plus en faveur du contact peau à peau aux toutes premières heures de la vie de l’enfant né prématuré. Ils pointent l’importance de favoriser la non-séparation parent-enfant à la naissance et vont dans le sens des recommandations pour l’implantation de chambres parentales dans les unités de soins intensifs de néonatologie », explique le Dr Mitha.
« Intervention peu coûteuse, le peau à peau apparaît comme un soin simple à mettre en œuvre dans les pratiques courantes. Or, aujourd’hui il existe beaucoup de disparités des pratiques entre les unités de soins. Des études complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre la variabilité des pratiques et identifier les leviers pour soutenir les équipes dans son implantation », ajoute dans un communiqué la Dr Véronique Pierrat, néonatologiste et dernière autrice de l’étude. Notamment, des études pour mieux comprendre la relation dose – réponse et la temporalité optimale du contact peau à peau, pour les mères et les pères sont attendues.
*Par l’Inserm, INRAE, l’Université Paris Cité et l’Université Sorbonne Paris Nord, en collaboration avec le CHRU de Tours et le CHI de Créteil.
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