C'est arrivé le 24 octobre 1810

Gall et Spurzheim "inventent " la phrénologie

Publié le 24/10/2015

Crédit photo : GARO/PHANIE

Albert Le Grand fut le premier à vouloir, dès le XIIIe siècle, répartir les fonctions mentales entre les diverses région du cerveau mais ce sont Franz Joseph Gall et son disciple Johann Gaspar Spurzheim qui, en inventant la phrénologie, vont donner une base scientifique aux localisations cérébrales.

La discipline qu'ils avaient inventé se proposait de déceler les facultés et les penchants des hommes par la palpation des reliefs du crâne. Mais leur concept fut jugé si fantaisiste que les membres de l'Institut (Cuvier, Portal, Pinel et Sébastien) chargés d'établir un rapport sur la phrénologie ne daignèrent même pas en faire la critique.

Matière blanche, matière grise : quelles relations ?

Franz-Joseph Gall, qui était né le 9 mars 1758 à Tiefenbronn. Après avoir longtemps hésité à rentrer dans les ordres, il choisit d'entrprendre des études médicales à l'université de Strasbourg, puis à Vienne où il fut l'élève de l'illustre Van Swieten. Après avoir commencé à exercer dans la capitale autrichienne, il fut nommé professeur à l'université et se fait remarquer pour ses talents de neuroanatomiste. Il allait dès lors concentrer ses recherches sur les fonctions cérébrales et, plus particulièrement, les relations entre la matière grise et la matière blanche qui composent le cerveau.

Les foudres de l’Eglise

Gall, avec sa théorie localisationiste selon laquelle les facultés mentales sont liées spécifiquement à certaines partie du cerveau s'attira assez vite les foudres de l'église catholique qui condamnait l'idée que l'esprit humain puisse avoir un ancrage matériel. Ses opinions ayant inquiété également la Cour et l'opinion publque, Le neuroanatomise dut se résoudre à s'exiler à Berlin où il commença à développer la discipline qu'il baptisa crânioscopie selon laquelle il y aurait un lien direct facultés mentales, anatomie cérébrale et morphologie du crâne. Ayant fait de nombreux prosélytes et s'étant attiré les grâces d'illustres partisans, il créa alors une école à Berlin où il professait que la morphologie du crâne refléterait certains traits de caractère. Le médecin autrichien s'était en effet rendu compte en observant ses étudiants les plus brillants avaient les yeux protubérants. Gall en conclut que les déformations à la surface du crâne sont dues à la pression des organes du cerveau liés à telle ou telle faculté mentale. Ceux chez qui ces organes sont très développés présenteront donc une bosse à la surface du crâne en regard de cette région du cerveau.

Gall va ainsi attribuer au cerveau une trentaine de localisations pour l'amour physique, l'amitié, l'esprit métaphysique, etc.

Installation à Paris

Après avoir parcouru l'Allemagne pendant deux ans, Gall alla s'installer à Paris qui était alors le lieu de villégiature des plus éminents anatomistes et un ardent foyer de controverse scientifique. Gall va alors encore approfondir ses recherches sur la crânioscopie en mettant à contribution les musées et les cabinets anatomiques, les hôpitaux et les asiles d'aliénés, les collections de statues, de portraits et de bustes... Il fut assisté dans ses recherches par Johann Gaspar Spurzheim qui était devenu son collaborateur en 1798 après lui avoir adressé une lettre sur les « fonctions du cerveau, chez l'homme et les animaux ».En 1807, Gall ouvrit à l'Athénée un cours public qui obtint un grand succès et mit à la mode la crânioscopie.

L’Académie des Sciences juge la phrénologie infondée scientifiquement

Toutefois ce succès restait borné au public profane : le monde scientifique ne fit qu'un accueil très réservé à la science nouvelle. Ainsi, Pierre Flourens voulut lui-même vérifier la théorie du localisationnisme cérébral selon laquelle le cerveau serait composé de régions distinctes impliquées chacune dans une fonction mentale spécifique. Son expertise lui valut d'être appelé par l'Académie des sciences pour trancher le débat, commandité par l'empereur Napoléon Ier, portant sur la phrénologie de Franz Gall, dont la valeur scientifique était de plus en plus contestée. Sur la base des conclusions de Flourens, l'Académie décida finalement de juger la phrénologie comme infondée scientifiquement.

La crânioscopie, rebaptisée phrénologie par Spurzheim, vaudra néanmoins une certaine renommée à Gall en Angleterre et, surtout, aux Etats-Unis parce que les théories du médecin servaient à justifier l'infériorité naturelle des peuples colonisés...

Gall publia également un livre " L'Anatomie du cerveau " où sadoctrine se résume en cinq points :

1- Les qualités morales et les facultés intellectuelles sont innées ;

2- L'exercice et la manifestation de ces facultés et qualités dépend de l'Organisation ;

3- Le cerveau est l'organe de tous les penchants, de tous les sentiments et de toutes les facultés ;

4- Le cerveau est composé d'autant d'organes particuliers qu'il y a de penchants, de sentiments, de facultés qui différent essentiellement entre eux ;

5- La forme de la tête et du crâne, qui répète dans la plupart des cas la forme du cerveau, suggère des moyens pour découvrir les qualités et les facultés fondamentales.

" Besoin inné d’être bon ", " Amour du lucre "...

Franz-Joseph Gall est mort, oublié, le 22 août 1828 à Montrouge. Pourtant, au plus fort de sa gloire il avait suscité un grand engouement au point que le Musée de l'Homme conserve dans ses collections des crânes témoignant de la passion pour la phrénologie qui se poursuivit une bonne partie du XIXe siècle. Sur ces crânes sont accolées des étiquettes qui désignent des aires cérébrales sous les termes de « Besoin inné d'être bon », « Charitable et miséricordieux », « Perception des lois de l'Harmonie », « Amour du lucre » ou encore « Besoin d'Admiration ou tendance à la Foi ».


Source : lequotidiendumedecin.fr