Tularémie, fièvre hémorragique de Crimée-Congo ou fièvre méditerranéenne, méningo-encéphalite à tiques, etc. À côté de la maladie de Lyme, d’autres pathologies infectieuses – bactériennes ou non — peuvent être transmises par les tiques. Chez un patient exposé, quand évoquer l’une de ces maladies plutôt qu’une borréliose ?
La Dr Alice Raffetin (centre de référence des maladies vectorielles à tiques Paris et région Nord, CHI de Villeneuve-Saint-Georges) pointe plusieurs éléments pouvant orienter le diagnostic, au premier plan desquels le type d’exposition. « Un patient revenant de la garrigue n'aura évidemment pas le même risque que quelqu'un qui se sera promené dans une forêt alsacienne », illustre l’infectiologue, appelant à « réfléchir aux espèces de tiques, aux lieux où elles vivent et aux pathogènes dont elles peuvent être potentiellement porteuses ».
L'immunodépression des patients est aussi à prendre en compte, certaines maladies vectorielles à tique (MVT), comme la babésiose ou la néoehrlichiose, touchant davantage ces patients.
Sur le plan clinique, certains signes « ne sont pas du tout caractéristiques de Lyme et doivent nous faire penser à d'autres MVT, souligne la Dr Raffetin, comme la présence d'une forte fièvre, d’une escarre d'inoculation avec éruption maculopapuleuse (plutôt évocateurs d’une fièvre boutonneuse méditerranéenne ou d’une rickettsiose type Tibola), mais aussi la présence de ganglions ou de thrombose profonde et d’artérites qui doivent faire évoquer la néoehrlichiose (association clinique en général d'une thrombose profonde, d'un érythème qui ressemble à un érythème migrant mais n'en est pas un, avec une forte fièvre) ».
Enfin, sur le plan biologique des anomalies de la NFS type thrombopénie ou anémie doivent faire ciller car « on ne voit jamais ça dans la maladie de Lyme ». De même, la présence d’un syndrome inflammatoire biologique est très atypique dans la borréliose et doit faire évoquer une autre pathologie.
Penser à la DO
Pour mémoire, la tularémie est une infection à déclaration obligatoire (DO), de même que la fièvre hémorragique Crimée-Congo et l’encéphalite à tiques.
Pour cette dernière, si l’on ne dispose d’aucun traitement anti-infectieux, il existe par contre un vaccin. Recommandé pour le moment lors de voyage en zone endémique, il pourrait être préconisé de façon plus large en France notamment dans l’Est et chez les patients à risque. Des discussions sont en cours.
D’après la communication « Actualités thérapeutiques dans les maladies vectorielles à tiques »
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