Un reportage consacré aux actes médicaux injustifiés diffusé lors du 20 heures de France 2, jeudi 14 février, a provoqué la colère des médecins pigeons. Les « volatiles » n’ont pas apprécié les commentaires de leur confrère spécialiste « santé-médecine » à France 2, Jean-Daniel Flaysakier.
Face à David Pujadas, le Dr Flaysakier a commenté les chiffres d’une enquête TNS Sofres, commandée par la Fédération hospitalière de France (FHF) et rendue publique en juillet 2012 selon laquelle 28 % des actes médicaux étaient estimés injustifiés par les médecins interrogés*.
Examens à tire-larigot
À l’époque, cette enquête n’avait soulevé que quelques protestations du corps médical. Mais la reprise de ces chiffres lors des Etats généraux du Lien et les commentaires du Dr Flaysakier ont relancé le débat.
« Il y a d’abord la cupidité de certains médecins, c’est rare, mais il est vrai que certains opèrent beaucoup, trop, car il faut faire de l’argent », a attaqué le journaliste. Il a ensuite stigmatisé les praticiens qui, faute de « formation permanente obligatoire », travaillent encore « à l’ancienne ». Puis il a cité « les examens qu’on répète à tire-larigot (échographies, scanners, prises de sang...) pour rassurer les patients qui le demandent » et « se couvrir par peur d’un procès ». « Il faut que les médecins aient bien en tête cette devise latine simple, primum non nocere, d’abord ne pas nuire », a professé le spécialiste santé de France 2.
Noms d’oiseaux
Sur Twitter, les pigeons se sont déchaînés contre le Dr Flaysakier, le plus souvent en des termes peu courtois. Dans une lettre ouverte, l’UFML estime que la profession a été salie par les chiffres et le ton employés : « vous avez, en quelques minutes, insulté les médecins de France, et fait preuve d’une violence inconcevable envers les patients ».
« Si ces chiffres se trouvent être sans fondement, l’UFML se réserve le droit d’attaquer le journal de France 2 en diffamation et de poursuivre le Dr Flaysakier devant l’Ordre des médecins », ajoutent les médecins pigeons.
Une dizaine de praticiens ont d’ores et déjà envoyé en leur nom propre une lettre auprès de leur conseil départemental pour « comportement antidéontologique », déclare au Quotidien le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML. « Les prescriptions des médicaments sont remises en cause, maintenant ce sont les examens », s’insurge le Dr Marty, d’autant plus surpris que cette attaque « vienne d’un confrère ».
La procédure des pigeons est-elle recevable ? Le Dr Flaysakier peut-il être poursuivi par l’Ordre pour des propos tenus dans le cadre de son métier de journaliste ? S’il ne souhaite pas s’exprimer sur le fond, l’Ordre précise qu’« un médecin qui s’estime injurié, peut, à titre individuel, déposer plainte contre un confrère. Il suffit de saisir le conseil départemental au tableau duquel est inscrit ce médecin », précise le Dr André Deseur, porte-parole du CNOM. Ce mardi 19 février, aucune plainte n’avait été déposée auprès du conseil départemental d’Indre-et-Loire dont dépend Jean-Daniel Flaysakier. Contacté par le Quotidien, le rédacteur en chef de France 2 n’a souhaité faire aucun commentaire.
À la suite du JT de France 2 qui faisait état d’un grand nombre de scanners, la Société française de radiologie ( SFR ) a annoncé avoir élaboré un guide de bon usage des examens d’imagerie pour permettre à tous les médecins de connaître l’examen répondant le mieux à la situation clinique de leur patient. « Les deux grandes règles de radioprotection, justification et optimisation, sont mises en œuvre au quotidien par les professionnels, assure la société savante. Comme dans tout acte médical, le bénéfice doit être supérieur au risque. L’indication d’un examen exposant aux rayonnements ionisants doit être bien réfléchie et pesée. Il appartient au médecin radiologue de valider l’indication de l’examen demandé par son collègue, voire de proposer une technique n’utilisant pas de rayons X, comme l’échographie ou l’IRM permettant de répondre à la question qu’il se pose. »
* Enquête réalisée du 27 avril au 4 mai 2012 auprès de 803 médecins dont 402 praticiens hospitaliers, 201 spécialistes et 200 généralistes libéraux.
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