Comme l’explique l’équipe de Mansoureh Eghbali (université de Californie), le rôle modérément préventif des estrogènes dans la survenue de l’affection était connu, mais pouvaient-ils avoir une activité thérapeutique ? Pour répondre à cette question, ils ont créé une HTAP chez des rats. Au bout de 21 jours, ils ont été scindés en quatre groupes, dont un témoin. Les trois autres ont subi des traitements de 10 jours par : estrogène (17ß estradiol), agoniste des récepteurs ß aux estrogènes ou agoniste des récepteurs alpha aux estrogènes.
Le traitement par 17ß estradiol (à dose modérée) a empêché la progression de l’HTAP vers l’insuffisance cardiaque droite, il a restauré la fonction ainsi que la structure pulmonaire et ventriculaire droite. Plus surprenante, la récupération s’est maintenue même après l’arrêt du traitement au moins jusqu’au 30e jour, conduisant à 100 % de survie au 42e jour, contre 25 % des témoins. Anatomiquement, l’estrogénothérapie a permis une néoangiogenèse, compensant la perte vasculaire due à l’affection, dans les poumons et le ventricule droit.
Chez certains rongeurs traités par estrogène, ont été ajoutés un inhibiteur de l’angiogenèse ou un antagoniste des récepteurs ß aux estrogènes. L’estrogénothérapie a alors échoué. À l’inverse, un traitement par un agoniste des récepteurs ß aux estrogènes s’est montré aussi efficace que celui par 17ß estradiol. Les rats sous agonistes du récepteur alpha n’ont connu aucune amélioration.
L’explication repose sur plusieurs mécanismes. Tout d’abord, chez les rongeurs atteints d’HTAP, il existe cinq fois plus de cellules inflammatoires. L’estrogénothérapie inverse ce processus, probablement par une sous-régulation des gènes pro-inflammatoires. Ensuite, le traitement montre une activité sur la réduction de la fibrose pulmonaire. Enfin, il existe une stimulation de la néoangiogenèse.
Reste à comprendre pourquoi une affection qui touche plutôt la femme jeune, protégée par ses estrogènes, peut se développer. Les recherches à venir de l’équipe américaine vont s’orienter sur la piste d’une mutation génétique créant une interférence entre les estrogènes et leurs récepteurs.
« American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine », 15 septembre 2011, vol. 184, pp. 715-723.
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