Afin d'accélérer la vaccination, l'Académie de médecine propose de reporter l'injection des personnes ayant été infectées par le SARS-CoV-2 à 6 mois après la date de positivité́ d'un test RT-PCR, mais aussi de retarder de 6 mois la date de la seconde injection de vaccin à ARN messager chez les personnes immunocompétentes âgées de moins de 55 ans. Cette stratégie devrait ainsi permettre de libérer des doses de vaccin à ARNm pour les proposer à une plus large proportion de personnes, notamment des professionnels exposés comme les enseignants, fait-elle valoir.
L'Académie revient ainsi sur l'un de ses précédents avis, daté de janvier 2021, où elle s'opposait à un report de la vaccination entre les deux doses de Pfizer/BioNtech ou de Moderna et préconisait de se « conformer autant que possible au schéma vaccinal prescrit par le fabricant », soit 21 jours pour le premier, 28 pour le second. Elle concédait à la rigueur un décalage pour les personnes âgées de moins de 50 ans et sans excéder un dépassement de 3 semaines. Dans ce nouvel avis, elle va aussi plus loin que ce que les autorités autorisent depuis ce 14 avril : un espacement de 42 jours entre les deux doses de vaccins à ARN messager.
De nouvelles données scientifiques
L'Académie s'appuie sur deux études parues en avril démontrant qu’une seule dose d’un vaccin à ARN messager confère rapidement une protection élevée. La première, menée en population cible, par les Centers for Disease Control and prevention (CDC) des États-Unis montre qu’une seule dose (BioNtech/Pfizer ou Moderna) donne une efficacité protectrice de 80 % contre l’infection deux semaines après l’injection, la seconde dose élevant ce taux de protection à 90 %. La deuxième étude, conduite au Royaume-Uni chez le personnel hospitalier alors que le virus circulant était le variant B1.1.7, a estimé́ à 72 % l’efficacité́ protectrice du vaccin BioNtech/Pfizer 21 jours après la première dose et à 86 % sept jours après la seconde dose, rapporte l'Académie. « Un délai plus long, de l’ordre de 6 mois, permettrait d’atteindre une immunité collective beaucoup plus rapidement avec le même nombre de doses tout en assurant une protection individuelle satisfaisante », commente l'Académie.
Quant à la question de la vaccination des personnes ayant déjà été infectées, l'Académie de médecine rejoint la recommandation de la Haute Autorité de santé d'attendre 6 mois, suivie par la Direction générale de la santé, en faveur d'une attente de 6 mois après l'infection : les anticorps neutralisants persistent plus d’un an après une forme modérée ou sévère de Covid-19 et 6 à 8 mois après une forme asymptomatique, sans oublier la réponse cellulaire des lymphocytes T, rappelle l'Académie.
Au-delà de ces nouvelles données scientifiques, l'Académie souligne par ailleurs l'urgence de vacciner rapidement l'ensemble de la population, pour espérer prendre de court le variant B.1.1.7, dit « britannique », à la plus forte transmissibilité. Et de citer les derniers travaux de l'Institut Pasteur selon lesquels il faudrait vacciner plus de 90 % de la population adulte pour contrôler l'épidémie, tant que la vaccination des enfants n’est pas envisagée. Aujourd'hui, plus de 15 % de la population française aurait déjà été infectée par le SARS-CoV-2 (toujours selon Pasteur) et tandis que la couverture vaccinale vient de dépasser les 18 %.